C’est un fidèle, attiré par des pleurs inhabituels, qui a fait la macabre trouvaille quelques minutes avant le début du culte dominical. En ouvrant la porte des sanitaires, il découvre une scène insoutenable : un bébé encore couvert de fluides postnataux, grossièrement enveloppé dans un sac plastique noir. La petite fille, selon les premières constatations, venait tout juste de naître.

Alertés immédiatement, les secours sont intervenus pour transférer l’enfant à l’hôpital régional de Franceville. Les médecins confirment que son état est stable, bien qu’elle soit toujours sous étroite surveillance. L’émotion est vive dans la ville. « C’est inhumain. Même un animal ne mérite pas un tel sort », s’indigne un habitant. La gendarmerie, saisie de l’affaire, a ouvert une enquête pour identifier la mère et éclaircir les circonstances de cet abandon. L’absence de caméras dans les toilettes de l’église complique toutefois les investigations. En parallèle, les services sociaux ont pris en charge le nourrisson, en attendant une décision judiciaire sur son avenir.

Ce drame relance avec force le débat sur la précarité, le désespoir silencieux de certaines femmes, et le cruel manque de dispositifs d’aide. Dans plusieurs localités du Gabon, notamment rurales, les options pour les mères en détresse sont quasi inexistantes. Ce fait divers tragique fait désormais figure d’électrochoc. Il met en lumière l’urgence d’une politique publique claire sur l’accouchement sous X, la prévention des abandons et l’accompagnement des femmes vulnérables. Car derrière cet acte désespéré, il y a aussi une autre victime : une mère, sans doute perdue, qui n’a trouvé d’autre issue que l’abandon.