Bouillons en cubes : un danger silencieux dans les assiettes gabonaises



2025-06-05 17:40:00

Au Gabon, la montée en flèche des maladies non transmissibles (MNT) inquiète de plus en plus les spécialistes de la santé publique. Parmi les facteurs de risque pointés du doigt, la consommation excessive de bouillons industriels en cubes occupe une place centrale.



Ce jeudi 5 juin 2025, l’ingénieur agroalimentaire Eris Séraphin Ndjibila, expert en technologies des produits alimentaires, tire la sonnette d’alarme : ces produits très prisés dans nos cuisines seraient à l’origine de pathologies graves comme l’hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires et les AVC.

40 à 50 % de sel dans un seul cube

Faciles à utiliser, accessibles et apparemment inoffensifs, les bouillons cubes font partie du quotidien de millions de foyers. Mais leur composition réelle est tout sauf anodine. « Ils sont majoritairement constitués de sel, avec une teneur qui peut atteindre 40 à 50 % », explique Eris Séraphin Ndjibila. Ce taux est largement au-dessus des normes recommandées.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande de ne pas dépasser 5 grammes de sel par jour, soit l’équivalent d’une cuillère à café. Or, un seul cube peut représenter la moitié de cette dose. Et bien souvent, plusieurs cubes sont utilisés dans un même plat, surtout pour les plats familiaux.

Des risques invisibles mais bien réels

Cette surconsommation de sel a des conséquences directes sur la santé : hausse de la tension artérielle, risques accrus d’AVC, troubles cardiovasculaires. Pire encore, un excès chronique de sel favorise la perte de calcium par les urines, ce qui expose particulièrement les femmes à l’ostéoporose.

« Le sel en excès agit comme un poison lent », affirme l’ingénieur, avant d’ajouter que ces effets ne sont pas toujours visibles immédiatement, mais s’accumulent au fil des années.

Une prise de conscience nécessaire

Face à ce constat préoccupant, Eris Séraphin Ndjibila appelle à une prise de conscience collective. Il plaide pour :

  • des campagnes de sensibilisation nationales, pour alerter sur les dangers du sel caché dans l’alimentation ;
  • l’éducation des consommateurs sur les alternatives saines : herbes aromatiques, épices locales, bouillons naturels faits maison ;
  • un renforcement du contrôle des produits alimentaires importés, notamment des bouillons industriels, par les agences sanitaires nationales.

« Il est urgent que l’État exerce un contrôle rigoureux sur la composition et la commercialisation des produits alimentaires contenant du sel », martèle le spécialiste.

Se nourrir ne doit pas rimer avec s’empoisonner

Le goût ne doit pas primer sur la santé. Aujourd’hui plus que jamais, il devient crucial pour les Gabonais de repenser leur alimentation quotidienne, d’opter pour des choix plus sains, et de mettre fin à la dépendance aux bouillons cubes.