Libreville sous les ordures : quand les bacs débordent plus vite que les promesses

2025-04-30 08:58:10
À l’heure où Libreville se prépare à dérouler le tapis rouge pour l’investiture du président Brice Clotaire Oligui Nguema, une autre couleur domine les trottoirs : celle des ordures ménagères. Malgré les discours bien emballés et les camions-bennes flambant neufs livrés en août 2024, la capitale peine à se départir de son image de ville-poubelle. Les municipalités appellent à la propreté, les brigades municipales verbalisent, et les bacs à ordures se multiplient… mais rien n’y fait : les sachets plastiques continuent de danser au vent, comme des drapeaux de résistance à toute tentative de salubrité.
Il faut dire que le Librevillois a du talent : capable de déposer un vieux matelas en plein carrefour ou de transformer une canalisation en dépotoir sans ciller. À ce rythme, l’incivisme local pourrait bientôt prétendre au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Et pendant que les autorités exhortent à la responsabilité citoyenne, les citoyens, eux, posent une question tout aussi simple que dérangeante : à quoi sert la redevance prélevée sur nos factures SEEG ? Depuis 2019, ce mystérieux 7 % censé financer la gestion des déchets semble s’évaporer plus vite qu’une promesse de campagne.
Mais ne soyons pas mauvaise langue : tout n’est pas à jeter. Entre les campagnes de sensibilisation, les brigades municipales et les dons d’équipements, l’intention est là. Ce qui manque ? Un soupçon de constance, une pincée de transparence, et une grosse louche de volonté politique. Car sous les discours républicains et les cérémonies grandioses, les ordures, elles, ne mentent pas. Elles nous rappellent que la République ne se juge pas à la taille des tribunes officielles, mais à celle des caniveaux qu’on néglige.