Logement au Gabon : des loyers encadrés par la loi, mais ignorés dans la pratique



2025-06-03 18:10:00

Au Gabon, la flambée des loyers et la précarité locative restent des préoccupations majeures. Pourtant, le pays dispose d’un arsenal juridique strict pour encadrer la fixation des prix des loyers, les révisions autorisées et les charges locatives.



L’ordonnance n°2/75, modifiée en 1987, impose qu’un loyer soit calculé à partir d’une expertise préalable : le montant légal mensuel ne peut excéder 1 % de la valeur du bien immobilier. Des arrêtés datant des années 1990 fixent également les plafonds d’augmentation (2,5 % à 5 % tous les deux ans) ainsi que le taux légal des charges (8 % à 12 % selon le montant du loyer).

Mais entre la rigueur des textes et la réalité du terrain, le fossé est immense. Une majorité de locations se fait sans contrat écrit, dans l’illégalité totale. Les hausses abusives sont fréquentes, les charges excessives aussi, et les locataires n'ont souvent aucun recours. Pourtant, les sanctions sont lourdes : selon la loi 2963, les infractions peuvent entraîner des amendes allant jusqu’à 300 millions de FCFA et des peines de prison de un à trois ans. Malgré cela, la faiblesse des contrôles et la généralisation de l’informel rendent ces lois presque inopérantes.

Le défi du nouveau ministre en charge de la lutte contre la vie chère sera donc de remettre de l’ordre dans ce secteur gangrené par l’anarchie. Il s’agira de faire appliquer les lois existantes tout en lançant une réforme en profondeur de textes devenus obsolètes face à l’évolution du marché et au déficit criant de 300 000 logements. Pour garantir un accès équitable au logement, il faut à la fois encadrer, contrôler et surtout construire massivement, dans le respect d’un équilibre entre droit des locataires et rentabilité pour les propriétaires.