Nzeng-Ayong : un pont au bord du gouffre, l’indifférence comme seule réponse

2025-04-30 08:58:10
Chaque jour, à Libreville, des milliers d’usagers risquent leur vie sur l’un des axes les plus empruntés du 6e arrondissement. Le pont de Nzeng-Ayong, autrefois symbole d’un Gabon tourné vers la modernité, est aujourd’hui rongé par l’érosion et l’abandon. Une cavité béante s’est ouverte dans le bitume, creusée par les eaux et aggravée par l’inaction. Sans signalisation, sans réparation, sans réaction : l’urgence est là, mais les autorités semblent regarder ailleurs.
Un chantier du passé devenu piège mortel
Construit dans le cadre des grands travaux liés à la CAN 2012, l’échangeur de Nzeng-Ayong devait désengorger la circulation et faciliter la vie des habitants du PK5 et des quartiers périphériques. Treize ans plus tard, le décor a changé. Une brèche de près de trois mètres s’est formée en plein cœur de la voie, menaçant l’intégrité même de l’infrastructure. Le sol s’effondre sous l’effet de l’érosion, dévoilant câbles électriques, conduites d’eau arrachées, et un vide inquiétant plongeant jusqu’à la rivière souterraine.
Une menace connue, un silence coupable
Ce n’est pas une surprise : les signes d’alerte s’étaient multipliés depuis des années. Déjà à proximité du complexe Bambino Village, les premières fissures avaient été documentées. Mais l’État n’a pas agi. Aujourd’hui, ce sont les abords immédiats du pont qui s’effondrent, exposant automobilistes, piétons et commerçants à un danger imminent.
«Cette affaire a commencé depuis. C’est la négligence de ceux qui nous dirigent qui est à l’origine de cette catastrophe», accuse un usager, révolté.
Aucune signalisation, aucune protection
Sur le terrain, la situation frôle l’absurde : aucun panneau, aucun cordon de sécurité, aucune mesure de protection visible. Seuls quelques matériaux posés à la va-vite tentent d’alerter les passants. Les embouteillages s’aggravent aux heures de pointe, et les piétons slaloment entre cratères, boue et danger.
«Vous croyez que ces eaux qui entrent tous les jours qu’il y a pluie vont où ? Elles continuent de creuser le fond et un jour, on risque de voir tout s’écrouler ici», s’inquiète un riverain.