Affaire du financement libyen : Nicolas Sarkozy condamné à une peine de prison ferme

2025-09-26 13:34:00
L’ancien président français Nicolas Sarkozy a été condamné ce jeudi par le tribunal correctionnel de Paris à cinq ans de prison, dont trois ans ferme, pour association de malfaiteurs dans le cadre du financement présumé libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
Cette décision marque un tournant inédit dans l’histoire de la Ve République : jamais un ex-chef de l’État n’avait été condamné à une incarcération effective pour une affaire politico-financière de cette ampleur.
Le tribunal a assorti la condamnation d’un mandat de dépôt différé avec exécution provisoire. En pratique, Nicolas Sarkozy sera convoqué dans un délai d’un mois pour se voir notifier la date de son incarcération, et ce même s’il fait appel. L’ancien président, âgé de 70 ans, a dénoncé une « injustice » et annoncé qu’il saisirait la cour d’appel, mais cette procédure n’empêchera pas son entrée en prison.
Outre la peine de prison, il a également écopé d’une amende de 100 000 euros, d’une inéligibilité de cinq ans, ainsi que d’une interdiction d’exercer une fonction publique.
Plusieurs proches de Nicolas Sarkozy ont aussi été sanctionnés.
Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Élysée, a été condamné à six ans de prison. Brice Hortefeux, ex-ministre de l’Intérieur, a écopé de deux ans de prison. L’homme d’affaires Alexandre Djouhri, intermédiaire clé dans le dossier, a reçu une peine de six ans de prison avec mandat de dépôt, une amende de 3 millions d’euros et 15 ans d’interdiction de gérer une entreprise.
L’affaire repose sur des soupçons de financements occultes venus de Libye. Selon les juges, des contacts, des discussions et des actes préparatoires visant à obtenir un soutien financier du régime de Mouammar Kadhafi ont été établis. Si la justice n’a pas démontré de manière irréfutable que l’argent libyen a directement servi à la campagne de 2007, elle estime que l’ensemble de ces démarches suffit à caractériser une association de malfaiteurs. Cette condamnation est sans précédent dans la vie politique française. Elle pose la question de la responsabilité pénale des plus hauts responsables de l’État et pourrait avoir un impact durable sur la perception de la classe politique par les citoyens.
Pour Nicolas Sarkozy, déjà condamné en 2021 dans l’affaire des écoutes, ce nouveau revers judiciaire fragilise encore son image et ternit son héritage politique. Sur le plan institutionnel, le verdict souligne la volonté de la justice française de traiter avec rigueur les affaires de corruption, y compris au sommet de l’État. Quoi qu’il en soit, cette affaire continuera de marquer le débat public et la mémoire politique française.