Affaire Sylvia et Noureddin Bongo : le procureur général recadre les avocats français et défend la justice gabonaise

Le procureur général, Eddy Narcisse Minang face à une presse attentive.

2025-07-24 11:00:00

À Libreville, le 23 juillet, le procureur général près la Cour d'appel judiciaire a tenu à remettre les pendules à l'heure dans l’affaire très médiatisée impliquant Sylvia Bongo Valentin et son fils Noureddin. Face à une presse attentive, Eddy Narcisse Minang a tenu un discours à la fois pédagogique, ferme et résolument patriotique.



Liberté provisoire : un droit encadré par la loi

Revenant sur la récente décision judiciaire ayant accordé la liberté provisoire à l’épouse et au fils de l’ancien président Ali Bongo Ondimba, le procureur a insisté sur la solidité juridique de la démarche. "L'article 143 du Code de procédure pénale est sans ambiguïté : la liberté provisoire peut être sollicitée à tout moment de la procédure, et ce, même pour les infractions les plus graves", a-t-il martelé.

Cette disposition, souvent mal comprise, rappelle que la détention préventive n’est pas la règle, mais bien l’exception, comme le précise l'article 132 du même code. Selon le texte, elle ne doit être maintenue que si elle constitue l’unique moyen de protéger les preuves, d’éviter une concertation frauduleuse ou de préserver l’ordre public.

Un message clair à l’opinion et aux avocats étrangers

"Il est évident que certains prévenus suscitent méfiance et scepticisme dans l'opinion", a reconnu le procureur. Mais la loi, elle, ne fait pas de distinction selon le nom ou l'ancien rang social d'un accusé. Et face aux risques d’absences lors des audiences, le magistrat a cité l'article 257 du Code de procédure pénale, qui prévoit expressément la tenue d’un procès en contumace en cas de non-comparution.

Plus incisif encore, Eddy Narcisse Minang s’est permis un rappel géopolitique en réponse aux propos tenus récemment par un avocat français de la défense. "Le prétendu complexe de supériorité quasi maladif de certains Occidentaux à l’égard des institutions africaines doit cesser", a-t-il asséné. Une sortie qui sonne comme un avertissement aux membres du barreau international qui, selon lui, continuent de mépriser les juridictions du continent au nom de leur nationalité.

Vers un procès décisif pour la justice gabonaise

Le procureur n’a pas révélé de date pour l’ouverture du procès, mais les investigations se poursuivent. Le cas des Bongo Valentin est scruté à l’échelle nationale comme internationale. Et au-delà des considérations juridiques, c’est l’image d’une justice gabonaise indépendante, affranchie des pressions extérieures, qui se dessine.

Face à ceux qui, depuis Paris ou ailleurs, s’arrogent le droit de juger Libreville, le message est clair : la justice gabonaise entend rester maîtresse de ses décisions. Et le peuple, échaudé par des décennies de déni de droit, attend, plus que des procédures, une vérité qui apaise et une justice qui restaure.