Assala Gabon : entre performance affichée et nécessité de transparence sur les engagements



2025-07-30 10:23:00

Un an après le rachat d’Assala Gabon par la Gabon Oil Company (GOC), le directeur général Edgar Mba Ognane dresse un premier bilan jugé très encourageant. Dans une récente interview accordée à L’Union, il affirme que la production dépasse désormais les 50 000 barils par jour, soit près d’un quart de la production nationale. Une performance rendue possible, selon lui, par un plan d’urgence axé sur les forages, la réhabilitation des installations critiques et des efforts soutenus sur le terrain.



Au-delà des chiffres, cette reprise est présentée comme un tournant majeur dans la quête de souveraineté énergétique du Gabon. « Jamais le pays n’avait directement contrôlé un tel volume de production », souligne-t-il, évoquant une dynamique nouvelle qui permet de décider « chez nous, pour nous ».

Des ambitions à structurer dans la durée

Le développement du champ de N’Gongui, présenté comme le premier gisement mis en exploitation sous la Ve République, symbolise cette volonté de redonner un souffle nouveau au secteur. Objectif affiché : 15 000 barils/jour d’ici 2026. Si cette ambition est louable, elle repose toutefois principalement sur la relance des permis existants, et non sur l’acquisition de nouveaux blocs stratégiques, ce qui suscite des attentes quant à la profondeur réelle du virage industriel amorcé.

Surveillance environnementale et gouvernance : des engagements à concrétiser

Sur le plan environnemental, Assala annonce des avancées notables, avec pour horizon l’arrêt total du torchage de routine d’ici 2030. Une convention a été signée à cet effet avec le ministère de l’Environnement. Renforcement des capacités, brigade dédiée, suivi renforcé : les piliers sont posés. Reste désormais à s’assurer que ces engagements s’accompagnent d’indicateurs publics permettant à la société civile et aux acteurs économiques de suivre leur mise en œuvre.

La question de la gouvernance reste également centrale. Le rôle stratégique du bureau de Londres est assumé pleinement par la direction, notamment pour l’accès aux financements et à l’expertise technique. Mais cette configuration suscite des interrogations sur la capacité du pays à centraliser les décisions-clés à Libreville, dans une logique de souveraineté renforcée.

Compétences nationales et modèle gabonais à construire

Autre point d’attention : la valorisation des ressources humaines locales. Si la direction générale affirme avoir inversé la tendance en confiant aujourd’hui les rênes à des Gabonais, cette dynamique devra s’inscrire dans un programme structurant de formation, de montée en compétences et de transfert effectif des responsabilités.

La relance d’Assala constitue sans conteste un symbole fort de la volonté de redonner au Gabon le contrôle de ses richesses stratégiques. Mais pour transformer l’essai, il faudra faire preuve de constance dans le suivi des engagements annoncés. C’est à ce prix que pourra émerger un véritable modèle gabonais dans le secteur pétrolier, durable, inclusif et souverain.