Au Gabon, le mariage légal freiné par des contraintes financières et sociales : l’union libre, une alternative répandue

2025-06-03 10:13:00
Au Gabon, bien que le mariage soit encadré par le Code civil, de nombreux obstacles financiers et sociaux dissuadent une partie de la population de s’engager dans une union légale. Cette réalité conduit de nombreux couples à privilégier l’union libre ou la liaison irrégulière, des formes d’union aujourd’hui très répandues dans la société gabonaise.
La cherté du mariage officiel, renforcée par la pression des familles pour un mariage coutumier – non reconnu par la loi mais souvent obligatoire – constitue un frein majeur. L’union libre, définie par l’article 377 du Code civil comme une cohabitation sans formalisation juridique, attire ainsi de nombreux couples. Cette forme d’union n’engendre en principe aucun droit ou obligation légale, notamment en matière de succession.
Le mariage légal, un luxe réservé à une minorité
Toutefois, une union libre de plus de deux ans, ou officialisée par une rencontre familiale, peut bénéficier d’une reconnaissance partielle. La liaison irrégulière, quant à elle, se limite à des relations sexuelles sans cohabitation, sans aucun effet juridique (articles 389 et 390 du Code civil). Si ces formes d’union offrent une certaine flexibilité et accessibilité, elles exposent néanmoins les partenaires, en particulier les femmes, à une grande insécurité juridique.
Le mariage civil, de son côté, s’accompagne de coûts importants : frais administratifs, location de salles, et surtout, la tenue de cérémonies coutumières impliquant des dots élevées et des cadeaux onéreux. Ces dépenses peuvent atteindre des montants prohibitif dans un contexte économique souvent difficile, excluant ainsi de nombreux Gabonais de ce droit.
L’amour à portée de moyens… mais au prix de la précarité juridique
Face à ces difficultés, l’union libre et la liaison irrégulière se présentent comme des solutions pragmatiques, permettant aux couples de vivre leur relation sans les contraintes financières et administratives du mariage légal. Toutefois, l’absence de protection juridique en cas de rupture ou de conflit crée des vulnérabilités, notamment pour les femmes.
Pour répondre à cette problématique, une réforme du cadre légal accompagnée de campagnes de sensibilisation sur les conséquences des unions non formalisées pourraient encourager davantage la régularisation des relations amoureuses. En attendant, la cherté du mariage continue d’influencer profondément les dynamiques familiales et affectives au Gabon. La Vème République devra sans doute intégrer cette dimension dans ses projets de modernisation sociale.