Carte de séjour au Gabon : polémique et clarifications sur une tarification jugée inégalitaire



2025-08-19 11:07:00

Au Gabon, le coût de la carte de séjour est depuis plusieurs années un sujet sensible. Dans l’opinion, une perception persiste : les ressortissants français ne paieraient que 150 000 FCFA, quand certains Africains se voient réclamer jusqu’à 820 000 FCFA pour le même document. Une différence de plus de six fois le prix qui alimente critiques et incompréhensions, surtout dans un pays membre de la CEMAC où l’intégration régionale est censée être un pilier.



Cette apparente inégalité soulève un paradoxe. D’un côté, les discours officiels mettent en avant la solidarité africaine, la libre circulation et la coopération Sud-Sud ; de l’autre, une grille tarifaire perçue comme pénalisant d’abord les voisins du continent. Une contradiction qui interroge la cohérence entre la politique migratoire du Gabon et ses ambitions diplomatiques régionales.


Un éclairage officiel


Toutefois, selon une analyse publiée le 17 août 2025 par le média Point Noir TV, la réalité est plus nuancée. Un expert y précise que le coût de la carte de séjour au Gabon est officiellement fixé à 150 000 FCFA pour deux ans, un tarif unique appliqué à toutes les nationalités sans distinction (Africains, Européens, Asiatiques, Américains).


La différence vient de deux éléments additionnels :


La caution de rapatriement, calculée selon le prix moyen du billet d’avion vers le pays d’origine. Pour un ressortissant ouest-africain, elle peut avoisiner 400 000 FCFA.


La pénalité de séjour irrégulier, fixée à 300 000 FCFA, applicable uniquement en cas d’entrée illégale ou de visa expiré avant régularisation.


Ainsi, les montants avoisinant 800 000 FCFA concernent en réalité les premières demandes en situation irrégulière :


400 000 FCFA de caution,


300 000 FCFA de pénalité,


150 000 FCFA de frais de carte.


À noter que pour les renouvellements, seul le paiement de 150 000 FCFA est exigé, et la caution peut être remboursée lors d’un départ définitif si aucun contentieux n’est constaté.


Entre perception et réalité


La polémique illustre un décalage entre les perceptions populaires et la réglementation en vigueur. Si les chiffres bruts semblaient refléter une discrimination, l’éclairage fourni met plutôt en évidence un système basé sur des critères techniques : coût du rapatriement et régularité du séjour.


Pour autant, le débat reste ouvert sur l’opportunité d’une harmonisation régionale. Dans une CEMAC qui ambitionne la libre circulation des personnes, la simplification et l’équité des procédures migratoires pourraient constituer un pas supplémentaire vers l’intégration tant vantée par les dirigeants africains.