CEMAC 2024 : Le Gabon consolide sa deuxième place économique malgré les défis budgétaires

2025-09-03 10:23:00
La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) a enregistré une reprise modérée en 2024, avec une croissance réelle du PIB de 2,7 % contre 2,0 % en 2023, selon le dernier rapport de la BEAC. Cette amélioration repose sur une embellie du secteur non pétrolier (+3,4 %) et une reprise timide de l’activité pétrolière (-0,8 % après -3,6 % en 2023). Malgré le ralentissement des prix des matières premières, l’ensemble des pays, à l’exception du Tchad, a vu son PIB croître en valeur, tandis que le déficit du compte courant s’est réduit à 0,2 % du PIB contre 0,9 % l’année précédente.
Dans ce contexte contrasté, le Gabon s’affirme comme la deuxième puissance économique de la CEMAC, avec un PIB nominal estimé à 12 489,7 milliards FCFA en 2024, soit 17,1 % du total de la zone. Seul le Cameroun (42,1 % du PIB communautaire) devance le pays, confirmant une concentration de la richesse sous-régionale autour de ces deux économies, qui représentent ensemble près de 60 % du PIB de la CEMAC. Derrière, le Congo occupe la troisième place (12,9 %), suivi par la Guinée équatoriale (10,4 %) et la République centrafricaine (2,1 %).
Cette performance du Gabon reflète la résilience d’une économie en transition, où les revenus pétroliers, bien que volatils, continuent de jouer un rôle structurant, tandis que des secteurs comme le bois, les mines et les services contribuent à élargir la base productive. Toutefois, le pays reste confronté à une contrainte budgétaire majeure : comme ses voisins, il voit son solde budgétaire se dégrader, passant d’un léger excédent en 2023 (+0,1 % du PIB) à un déficit de 1,1 % en 2024. Ce contexte appelle à un renforcement de la discipline budgétaire, à une meilleure gestion de la dette et à une rationalisation des dépenses publiques.
À l’échelle communautaire, les données de la BEAC soulignent un enjeu stratégique : celui de la diversification et de la croissance inclusive. La forte dépendance vis-à-vis du pétrole fragilise encore l’équilibre économique, tandis que les pays à faible poids économique, comme la Centrafrique et la Guinée équatoriale, restent en marge de la dynamique régionale. Pour le Gabon, maintenir sa place de deuxième économie de la CEMAC implique de poursuivre les réformes structurelles, d’accélérer l’industrialisation et de renforcer les secteurs non extractifs, afin de transformer son poids économique en véritable moteur de stabilité et de prospérité régionale.