Ciseaux budgétaires sur les bourses : quand l’État taille dans l’avenir



2025-07-18 12:57:00

Dans un contexte économique sous tension, la loi de finances 2025 entérine une baisse significative de l’enveloppe dédiée aux bourses étudiantes. Une décision qui interroge sur les priorités budgétaires et les impacts sociaux à venir.



Le gouvernement a tranché. Dans sa quête de marges budgétaires pour financer des projets d’investissement jugés prioritaires, l’État a acté une réduction de 5 milliards de FCFA sur les crédits alloués aux bourses universitaires. Le budget passe ainsi de 80 milliards à 75 milliards de FCFA, selon les dispositions de la loi de finances 2025. Une mesure qui, si elle s’inscrit dans une logique de rigueur budgétaire et de réallocation stratégique des ressources, suscite de vives préoccupations au sein de la communauté universitaire.

Cette diminution intervient dans un contexte de pression économique intense, marqué par un endettement croissant, une faible mobilisation des ressources internes, et une dépendance accrue aux financements extérieurs. Selon les autorités, il s’agit de faire des arbitrages responsables en faveur de l’investissement productif, condition essentielle pour relancer la croissance et résorber les déséquilibres macroéconomiques.

“Le pays ne peut continuer à financer des dépenses récurrentes au détriment des infrastructures et de la compétitivité de l’économie”, indique une source gouvernementale. Le redéploiement de ressources vers les projets structurants  , notamment dans les domaines de l’énergie, du transport et de l’agriculture , est présenté comme un levier de transformation à long terme.

Mais la décision ne passe pas inaperçue. Pour les syndicats étudiants et plusieurs organisations de la société civile, cette réduction de budget constitue une menace directe à l’égalité des chances et à l’accès à l’enseignement supérieur, dans un pays où la demande sociale reste très forte. Chaque année, plusieurs dizaines de milliers d’étudiants sollicitent une aide financière pour poursuivre leurs études.

Face aux critiques, le gouvernement se veut rassurant. Des réformes structurelles du système de bourses seraient à l’étude afin d’en améliorer la transparence, la ciblage et l’efficacité. L’objectif affiché : garantir que l’aide profite réellement aux étudiants les plus méritants et les plus démunis, tout en limitant les abus.

En toile de fond, cette décision révèle une tension de plus en plus forte entre les exigences de rigueur budgétaire et les impératifs sociaux. Si le rééquilibrage des finances publiques apparaît nécessaire, il devra s’accompagner d’un dialogue inclusif pour préserver les acquis sociaux essentiels et maintenir la cohésion nationale. Car investir dans la jeunesse reste, en toutes circonstances, un pari sur l’avenir.