Crise sociale à Madagascar : le mouvement « Leo Délestage » secoue la Grande Île



2025-09-28 13:11:00

Depuis le 25 septembre 2025, Madagascar traverse une vague de contestations inédites, baptisée par la population « Leo Délestage », littéralement « Assez des coupures ».



Ce mouvement, né de la colère face aux coupures récurrentes d’électricité et d’eau, a pris une ampleur nationale, traduisant un profond malaise social.

Les habitants d’Antananarivo, la capitale, subissent depuis plusieurs semaines des coupures pouvant durer plus de douze heures par jour. À cela s’ajoutent des pénuries d’eau qui paralysent foyers et activités économiques. Pour beaucoup de Malgaches, ces privations symbolisent l’échec d’un système déjà fragilisé par la pauvreté, la corruption et des infrastructures vieillissantes.


Les premiers rassemblements ont eu lieu le 25 septembre à Antananarivo, avant de s’étendre rapidement à d’autres grandes villes comme Mahajanga et Antsirabe. Étudiants, jeunes, travailleurs et habitants se sont joints aux manifestations, souvent organisées via les réseaux sociaux.

La mobilisation a cependant été marquée par des affrontements avec les forces de l’ordre, qui ont eu recours aux gaz lacrymogènes et aux tirs de dispersion. Des pillages et incendies de bâtiments commerciaux ont également été rapportés.


Le bilan reste incertain : plusieurs blessés, des dizaines d’arrestations, et un nombre de morts qui varie selon les sources, oscillant entre cinq et plus d’une dizaine. Face à la montée des violences, les autorités ont instauré un couvre-feu nocturne à Antananarivo et déployé massivement les forces de sécurité. Des ajustements au sein du gouvernement, notamment dans le secteur de l’énergie, ont été évoqués comme réponses partielles.


Si les coupures d’électricité ont servi d’étincelle, les manifestants expriment désormais un ras-le-bol plus large. Ils réclament non seulement l’accès aux services essentiels, mais aussi plus de transparence dans la gestion publique, une lutte effective contre la corruption et une prise de responsabilité des dirigeants. Les slogans et discours entendus dans les rues traduisent une volonté de changement structurel.


Les institutions religieuses, comme le Conseil des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), appellent à l’apaisement et au dialogue. Des organisations de défense de la presse ont dénoncé des violences contre des journalistes couvrant les événements. De leur côté, plusieurs chancelleries étrangères ont émis des avis de sécurité pour leurs ressortissants.


Au-delà de l’urgence énergétique, ce mouvement révèle un mécontentement social accumulé depuis des années. Les jeunes, particulièrement actifs dans les manifestations, ont fait des réseaux sociaux un puissant relais de mobilisation. Pour nombre d’observateurs, cette contestation pourrait marquer un tournant politique dans un pays déjà fragilisé par des crises cycliques.


En toile de fond, une question demeure : le mouvement « Leo Délestage » sera-t-il l’électrochoc qui poussera le pouvoir malgache à entreprendre de véritables réformes structurelles, ou bien un nouvel épisode d’instabilité dont la population fera encore les frais ?