Déguerpissements en question : l’Assemblée nationale enterre la demande d’enquête

2025-07-02 15:50:00
Libreville, 2 juillet 2025 — Le refus de l’Assemblée nationale d’ouvrir une enquête parlementaire sur les récents déguerpissements choque une partie de l’opinion.
Derrière les discours officiels d’« urbanisation maîtrisée » et les annonces d’indemnisations, des centaines de familles vivent encore dans la précarité absolue, sans logement ni réponse claire des autorités.
Le gouvernement affirme avoir déjà indemnisé plusieurs personnes déguerpies. Et c’est vrai : certains ménages ont bien perçu des montants, parfois justes, parfois discutables. Mais ce que les autorités évitent de dire, c’est que beaucoup d’autres n’ont rien reçu, et ne savent même pas à quel bureau frapper pour espérer un dédommagement.
La gestion des indemnisations semble floue, sans transparence, sans critères clairs, et souvent au bon vouloir des autorités locales. Cette inégalité alimente l’injustice ressentie sur le terrain et aggrave les tensions sociales.
Face à ces dysfonctionnements, une demande d’enquête parlementaire avait été déposée pour faire la lumière sur la conduite de ces opérations : sélection des sites, traitement des dossiers d’indemnisation, recours possibles pour les non indemnisés.
Mais la majorité parlementaire a bloqué la proposition. Pas de débat, pas de commission, pas de transparence. Une occasion manquée d’écouter les victimes et d’exiger des comptes.
Ce refus est perçu comme un soutien tacite à une politique brutale et inégalitaire, au lieu d’assumer le rôle de contre-pouvoir qu’attend la population.
La question ici n’est pas de s’opposer au développement urbain, ni de défendre l’anarchie foncière. Le vrai enjeu, c’est la manière dont les opérations sont menées, et surtout la manière dont les citoyens sont traités.
Pourquoi certains sont indemnisés et d’autres pas ? Pourquoi des familles entières sont déplacées sans relogement ? Pourquoi aucune institution ne vient porter leur voix ?
En enterrant l’enquête, le Parlement tourne le dos à des citoyens blessés, et laisse planer un doute sur sa capacité à défendre les plus vulnérables.
Les bulldozers sont passés. Certains ont reçu des chèques. Mais des centaines d’autres attendent encore une reconnaissance, une réparation, un geste de l’État.
En refusant d’enquêter, l’Assemblée nationale abandonne une partie du peuple à son sort, comme si leur sort ne méritait ni explication, ni compassion.
Et pourtant, ceux qui dorment dehors aujourd’hui votent eux aussi. Un pays ne se construit pas sur l’oubli et l’humiliation. Il se construit sur la justice, l’équité et le respect de tous les citoyens — riches ou pauvres, indemnisés ou pas.