Derrière les slogans, il y a toujours une stratégie. Et derrière les devises, souvent, une vision. À l’heure où le Gabon se réinvente politiquement sous la houlette du Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, la naissance de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB) s’accompagne d’un geste fort : l’adoption d’une devise programmatique – « Inclusivité – Développement – Félicité » – qui entre en résonance profonde avec celle de la République gabonaise – « Union – Travail – Justice ». Un simple jeu de mots ? Non. Une déclaration politique. Et mieux encore : un projet de société.

Depuis son indépendance, le Gabon s’est bâti sur trois piliers constitutifs : l’Union, pour conjurer les divisions ethniques et tribales ; le Travail, pour construire une économie nationale stable ; la Justice, comme socle d’un vivre-ensemble équitable. Cette trilogie n’a pas seulement nourri le narratif au Gabon, elle a servi de boussole, même dans les pires moments de doute institutionnel.

Aujourd’hui, alors que le pays est engagé dans un renouveau historique avec la Ve République, le choix de fonder un parti présidentiel sur une devise en trois mots semble relever d’une volonté claire : inscrire l’action politique dans une continuité symbolique de la devise de la nation tout en ouvrant une nouvelle ère de gouvernance.

L’UDB connait sa direction. Elle reprend l’esprit de la devise nationale et la décline sur un mode opératoire, presqu'exécutif. Inclusivité, là où l’on parlait d’union. Développement, pour prolonger le travail en le rendant mesurable, collectif, durable. Félicité, enfin, comme objectif ultime de la justice sociale, mais aussi comme promesse d’un bien-être partagé.

Cette sémantique n’est pas anodine. Le vocabulaire change, mais le cap reste : créer les conditions d’un Gabon uni, productif et prospère. La similitude des termes n’efface pas les fondamentaux ; elle les adapte à un contexte post-crise, où le peuple réclame désormais plus que des mots, il exige des résultats.

En inscrivant l’inclusivité au fronton du parti, le Président Oligui Nguema envoie un signal fort : plus question d’un pouvoir déconnecté, accaparé par des élites bureaucratiques ou des castes économiques. L’UDB se veut un instrument de dialogue, de proximité, d’explication. Il s’agit de réarmer politiquement les territoires en redonnant aux populations la parole, mais surtout le pouvoir d’agir sur leur destin.

Le développement, quant à lui, se veut multidimensionnel : infrastructures, agriculture, numérique, formation. Il ne s’agit plus seulement de croissance économique, mais de progrès humain, social et territorial. Enfin, la félicité marque une ambition éthique. Elle réintroduit l’idée que le bonheur, la dignité, la tranquillité sont des objectifs de gouvernance à part entière. En somme, une politique du bien-vivre.

Ce que révèle ce choix de devise, c’est peut-être l’émergence d’un style Oligui. Un « oliguisme » politique en gestation, fondé sur une rhétorique de la responsabilité, de la proximité et de l’action visible. Là où d’autres auraient privilégié des mots de conquête ou d’hégémonie, le Président a fait le choix de mots apaisants, fédérateurs, presque philosophiques.

Il ne s’agit pas ici de bâtir un parti-Etat, mais un parti-passeur, capable de traduire la vision présidentielle en actions concrètes sur le terrain. Un parti capable de prendre d’assaut non pas les institutions, mais les consciences, pour enrôler les Gabonais dans un effort collectif. Car si l’État appelle au travail, l’UDB en incarne désormais le sens : le développement avec et pour tous.

De la devise nationale à la devise d’action

L'UDB ne cherche pas à concurrencer les fondements républicains ; elle les prolonge. Elle opère une translation : de l’union vers l’inclusivité, du travail vers le développement, de la justice vers la félicité.

Le message est clair : dans la Ve République, le Gabon ne veut plus seulement survivre ou espérer ; il veut bâtir, ensemble, pour de bon.

Auteur

Rédaction de Biba 241

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