Dette publique : le Gabon assis sur une bombe à retardement appelée “taux variables”

2025-08-11 11:39:00
Près de 17,1 % de la dette publique gabonaise, soit environ 1 225 milliards de FCFA en mars 2025 est contractée à taux variable.
Contrairement aux taux fixes, ces instruments voient leurs intérêts évoluer au gré des marchés financiers, ce qui, dans un contexte mondial où les taux d’intérêt s’orientent à la hausse, constitue un risque majeur. Le danger n’est pas seulement lié au volume, mais à la nature même de cette dette, qui rend les finances publiques vulnérables à des chocs externes soudains et imprévisibles.
L’alerte est d’autant plus sérieuse que la Banque mondiale rappelait, en juin 2025, qu’un environnement de taux élevés frappe de plein fouet les pays détenant une part importante de dette à taux variable. Pour le Gabon, cela signifie une augmentation mécanique et immédiate du coût de remboursement, dans un contexte d’instabilité monétaire mondiale. Pire encore, une grande partie de ces emprunts est libellée en devises : une hausse simultanée des taux et une dépréciation du franc CFA pourraient doubler la facture, sans même que le pays ne contracte un nouvel emprunt.
Face à ce risque systémique, l’inaction serait suicidaire. Il est impératif de lancer un audit complet de ces engagements, puis de convertir progressivement cette dette en instruments à taux fixe, à long terme, négociés auprès de partenaires multilatéraux ou via des financements concessionnels. Une telle stratégie offrirait une visibilité budgétaire accrue et limiterait les effets de contagion d’une crise financière mondiale. Sans une telle anticipation, le Gabon pourrait rapidement se retrouver piégé dans une spirale de refinancement ruineuse.