BGFI Holding : des tensions internes freinent l’entrée en bourse



2025-07-29 15:11:00

Annoncée comme un tournant historique pour le développement financier régional, l’introduction en bourse de BGFI Holding Corporation s’est transformée en crise ouverte. Prévue initialement pour le 15 juillet 2025, puis repoussée au 31, l’opération a finalement été suspendue sans jour déterminé le 28 juillet, à la suite d’un recours en justice introduit par une partie des actionnaires. En toile de fond, un bras de fer entre figures historiques du groupe, une gouvernance contestée et des choix stratégiques jugés peu inclusifs.



Le projet visait à introduire 10 % du capital de BGFI Holding à la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC), soit 1 573 536 actions à 80 000 FCFA l’unité. Objectif : lever environ 125,8 milliards de FCFA et asseoir la place du groupe comme pionnier de la finance moderne dans la zone CEMAC. Mais cette ambition a rapidement été freinée par des recours juridiques déposés par une minorité d’actionnaires, en tête desquels figure Christian Kerangall, cofondateur historique du groupe et actionnaire influent.


Ce dernier conteste la régularité du processus de vote ayant validé l’introduction, pointant un manque de transparence et de concertation. Une situation qui met à mal la crédibilité du projet et expose au grand jour les tensions internes. Kerangall assure qu’il ne s’agit pas d’un combat personnel, mais bien d’une volonté de préserver l’intégrité et la transparence de la gouvernance du groupe. Il dénonce également une précipitation dangereuse alors même que BGFI vient de traverser une série de réformes et de nominations majeures.

Autre point de friction : le prix unitaire de 80 000 FCFA par action, jugé inaccessible pour les petits épargnants de la zone CEMAC. Si cette valorisation positionne BGFI comme l’un des groupes les plus solides de la région, elle soulève une question fondamentale : peut-on démocratiser l’accès à l’investissement avec un ticket d’entrée si élevé ? Des voix appellent à un fractionnement des actions dès l’introduction, pour rendre les titres plus accessibles au grand public. Dans une région où la culture boursière est encore peu développée, négliger ce facteur revient à priver l’IPO de sa portée populaire et inclusive.



L’introduction en bourse de BGFI Holding aurait pu marquer un jalon dans l’histoire économique du Gabon et de la zone CEMAC. Mais à défaut d’avoir posé les bases d’un consensus solide et d’une gouvernance exemplaire, l’opération a surtout mis en lumière les tensions, les fragilités et les carences en matière de transparence.

Plutôt qu’un échec, cette suspension devrait être perçue comme une opportunité de réajustement stratégique. Car pour espérer inspirer confiance sur les marchés, une entreprise – aussi puissante soit-elle – doit d’abord faire la démonstration de sa capacité à se gouverner avec rigueur, ouverture et équité.