Excédent commercial au Gabon : une façade solide, une dépendance fragile



2025-07-17 11:15:00

Depuis près de trois décennies, le Gabon affiche une balance commerciale structurellement excédentaire.



En d’autres termes, le pays exporte plus qu’il n’importe, une performance souvent perçue comme un indicateur de bonne santé économique. Mais derrière cet excédent se cache une réalité moins flatteuse : plus de 80 % des recettes à l’export proviennent du pétrole brut. Cette surdépendance au secteur extractif, confirmée par l’Étude nationale prospective 2025, souligne le manque de diversification de l’économie gabonaise, où les produits transformés et manufacturés restent marginaux.

 

L’évolution géographique des partenaires commerciaux illustre cependant une dynamique intéressante. Si en 1996, la majorité des exportations gabonaises étaient destinées aux pays à revenu élevé, aujourd’hui, l’Asie de l’Est et du Pacifique en absorbe près de la moitié. Ce basculement vers de nouveaux marchés ouvre des perspectives, mais il ne corrige pas le problème de fond : la faible valeur ajoutée des exportations. Pire encore, les importations, elles, demeurent soutenues, témoignant d’un tissu industriel local trop limité pour répondre aux besoins nationaux en biens de consommation et équipements.

 

Pour consolider durablement son excédent commercial et renforcer sa résilience face aux chocs extérieurs, le Gabon doit enclencher une véritable transformation de son économie. Cela passe par l’industrialisation, notamment dans les secteurs à fort potentiel comme l’agroalimentaire, les matériaux de construction, le bois transformé ou les technologies vertes. Il s’agit aussi de stimuler l’exportation de produits à plus forte valeur ajoutée, tout en développant les capacités de production locales pour réduire la facture des importations. Sans cette mutation stratégique, l’excédent commercial du Gabon restera un mirage statistique, soumis aux fluctuations imprévisibles du marché pétrolier mondial.