Franceville : Yannick Noah Belingui condamné à perpétuité pour un quadruple assassinat d’une rare atrocité

2025-07-25 12:11:00
Reconnu coupable de l’assassinat de quatre membres d’une même famille à Montagne-Sainte, Yannick Noah Belingui, 37 ans, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Une peine alourdie par une déchéance totale de ses droits civiques, civils et familiaux.
Le verdict est tombé ce mercredi 23 juillet 2025 au Palais de justice de Franceville, à l’ouverture de la session criminelle ordinaire de la Cour d’appel judiciaire. Sous la présidence de Jérôme Atolossouba, la juridiction a tenu à frapper fort, en donnant une réponse à la hauteur de l'effroi suscité par cette affaire qui a profondément choqué l’opinion publique altogovéenne.
Un massacre planifié
Les faits remontent à la nuit du 5 au 6 janvier 2024. Une querelle anodine autour d'une bouteille de gaz va dégénérer en carnage. Accusé de vol par son voisin Jeff Wenceslas Balagha, Yannick Noah Belingui franchit l’interdit : il s’introduit par effraction dans la maison familiale, armé d’une machette. La suite glace le sang.
Il tue successivement Balagha, sa compagne Francisca Komba, et leurs deux filles âgées de 7 et 2 ans, Céleste Pamela Maghili et Marie-Grâce Issanga Dioumbi. Le père est décapité, mutilé, les corps des adultes dissimulés sous un matelas ensanglanté dans une rivière. Les fillettes, elles, sont jetées dans l’eau après avoir été elles aussi atrocement frappées.
Une défense absente, une stratégie confuse
Lors de son audition, l’accusé tentera maladroitement de se réfugier derrière une prétendue amnésie. "Je ne me souviens de rien", dira-t-il à la barre, avant de réciter sans peine l’alphabet, démontrant une pleine conscience de ses actes. Interrogé sur les corps retrouvés et les circonstances de l’attaque, il lâchera simplement : "J’étais seul… personne ne m’a envoyé." Un aveu sans émotion, glaçant.
Son avocat commis d’office, Me Hugues Boguikouma, n’a pas manqué de souligner les incohérences du dossier : absence de cris pendant les faits, impossibilité pour les victimes de fuir, indices laissant supposer l’intervention d’un tiers. Autant de zones d’ombre sur lesquelles la Cour n’a toutefois pas souhaité s’attarder.
La justice sans concession
Le ministère public, représenté par le procureur général Bertin Methomat, a plaidé la rigueur maximale. "La société attend une réponse exemplaire. Il n'y a ici ni rédemption possible, ni pardon envisageable", a-t-il déclaré dans son réquisitoire, appelant la Cour à écarter toute forme de clémence.
Verdict : réclusion criminelle à perpétuité, déchéance de tous les droits civiques, civils et familiaux, et condamnation pécuniaire de 116 millions de francs CFA au profit de la famille Balagha, et 50 millions pour celle de Francisca Komba et de ses enfants.
Un procès qui laisse des traces
Ce jugement, s’il clôt judiciairement l’affaire, laisse derrière lui une onde de choc durable à Montagne-Sainte et dans l’ensemble de la province du Haut-Ogooué. Un drame familial d’une violence inouïe, un procès à huis clos dans l’esprit, mais public dans la douleur.
À travers ce verdict, la justice gabonaise a voulu montrer que, même dans un contexte de transition politique, l’État de droit ne recule pas devant l’horreur, et que chaque vie ôtée appelle une réponse ferme, claire, implacable.