Gabon : Ce qui va changer avec la centralisation des recettes au Trésor



2025-08-01 14:16:00

Henri Claude Oyima, Ministre de l’Economie, des Finances, de la dette et des participations, chargé de la lutte contre la vie chère a signé le 24 juillet 2025, deux communiqués importants, dans le cadre de l’élaboration du Projet de loi 2026.



Le premier interdit toute forme de compensation, de recettes fiscales.  « Le ministre des finances veut juste dire à travers son communiqué que les entreprises ne pourront plus compenser certaines dettes fiscales par des créances qu’elles détiennent sur l’Etat. L’objectif est de lutter contre les pratiques de compensation non maitrisé.  Une compensation des recettes de l'État par une entreprise, dans le contexte fiscal, signifie qu'une entreprise peut réduire le montant de ses impôts dus en utilisant des créances fiscales qu'elle détient, ou en faisant valoir des droits à des crédits d'impôt. En d'autres termes, au lieu de payer l'intégralité de ses impôts en espèces, l'entreprise peut les compenser avec des sommes que l'État lui doit ou avec des réductions d'impôts auxquelles elle a droit. L'État demande ainsi aux agents économiques de payer leurs dettes fiscales à son endroit, sans toutefois lui-même payer ses dettes à l'endroit de ces derniers, ça signifie que l'État traverse des moments difficiles en faisant face à des tensions de trésorerie » explique Ange Ngandjo, banquier.

Cette décision qui sera avantageux pour l’Etat affectera selon Ange Ngandjo, la trésorerie des entreprises de droit gabonais et mettra en difficulté leurs politiques financière et d'investissement. Ça pourra ralentir un tout petit peu la croissance de l'économie gabonaise, par la redéfinition des choix d’activités ; la diminution des recrutements du fait de la diminution des ressources, donc un ralentissement du marché de l'emploi.

Dans son deuxième communiqué signé le 24 juillet 2025, Henri-Claude Oyima rappelle que toutes les sociétés et entités dans lesquelles l’Etat est détenteur des participations sont obligées de payer les dividendes exclusivement au Trésor public. « Tout contrevenant à cette exigence s’expose à la non-délivrance des quittances fiscales par les services du Trésor public » souligne le ministre de l’Economie et des Finances du Gabon. 

Les dividendes en effet sont les revenus distribués par ces sociétés aux actionnaires. Dans ce cas, puisque l'État est le propriétaire ou l'un des propriétaires de ces sociétés, les dividendes doivent désormais être payées au Trésor. « Quand le Ministre des finances dit que les modalités de paiement des dividendes s'opèrent exclusivement et directement auprès du Trésor, cela signifie que les sociétés et entités doivent payer ces dividendes directement au Trésor, et pas à quelqu'un d'autre. Cela signifierait également qu'il y'avait des individus ou entités qui recevaient par le passé ces dividendes au nom de l'État, en violation de la règlementation. Cette mesure vise à améliorer la transparence et la contrôlabilité des flux financiers de l'État. Un acte de bonne gouvernance » explique Ange Ngandjo. La centralisation des recettes permettra sans doute à l’Etat d’accroître ses ressources afin de financer ses projets de développement.