Gabon – Exil doré : les Bongo quittent Luanda pour Londres



2025-06-12 12:09:00

Éloignés du pouvoir mais non du jeu, Ali Bongo Ondimba, son épouse Sylvia Bongo et leur fils Noureddin ont trouvé refuge à Mayfair, quartier chic de Londres, après leur exfiltration consécutive au coup d’État du 30 août 2023. Un exil discret mais actif, où les anciens maîtres du Palais du Bord de mer orchestrent un rassemblement familial aux allures de manœuvre politique.



Mayfair, cocon de la réorganisation du clan Bongo

Derrière les façades géorgiennes du centre de Londres, loin des tumultes de Libreville, la famille Bongo panse ses plaies et réorganise ses pions. Ce retour à Londres, salué pour sa discrétion et son confort, n’est pas un simple exil doré. Comme le révèle Africa Intelligence, les Bongo y recousent les fils d’un clan fracturé, abîmé par les rivalités internes et les séismes du pouvoir.

Noureddin, après un détour par Paris, y a retrouvé Léa Bongo, son épouse déjà installée au Royaume-Uni depuis 2024. Tous trois avaient transité par Luanda, capitale angolaise, où le président João Lourenço aurait pesé de tout son poids diplomatique pour obtenir leur libération auprès du général Brice Clotaire Oligui Nguema. Une libération à haut niveau, révélatrice de l’enjeu politique que représente encore la famille Bongo, au-delà du Gabon.

Des retrouvailles lourdes de sens : Pascaline, Omar Denis Junior, Frédéric…

Ce que GabonReview avait effleuré, Africa Intelligence l’explicite : le clan Bongo ne se contente pas de repos post-régime. Il se rassemble. À Paris, Noureddin Bongo a rencontré sa tante Pascaline et son cousin Omar Denis Junior, en déplacement officiel avec son grand-père Denis Sassou Nguesso, président du Congo-Brazzaville. Une réunion familiale, mais surtout stratégique, à mi-chemin entre diplomatie discrète et recomposition dynastique.

Mieux encore, Omar Denis Junior jouerait les entremetteurs pour un rapprochement avec Frédéric Bongo, ex-chef tout-puissant des services spéciaux et longtemps en opposition frontale avec Noureddin. Une figure redoutée, exilée en France depuis sa disgrâce en 2019… et dont le remplaçant n’était autre que le général Oligui Nguema.

Repli ou prélude ?

Cette « opération Mayfair », loin d’un simple retrait, dessine un scénario de retour par influence, voire d’alternative dans l’ombre. Il ne s’agit pas, pour les Bongo, de reconquérir le pouvoir frontalement, mais de préserver un réseau, de rétablir des alliances familiales, et d’attendre un tournant politique. La Sablière n’est plus l’épicentre, mais Londres, Paris et Brazzaville deviennent les nouveaux foyers d’une diplomatie familiale insoupçonnée.

Alors qu’Oligui Nguema tente de consolider son autorité au Gabon, les Bongo, eux, semblent préparer la suite. Plus discrets, plus tactiques, mais toujours présents. Car si la dynastie a perdu le trône, elle n’a pas renoncé à la partie.