Gabon : la corruption policière, frein majeur à la sécurité et à la croissance économique

2025-09-01 13:57:00
Une enquête récente d’Afrobarometer, publiée le 28 août 2025, met en lumière la profonde défiance des Gabonais envers leur police. Selon les résultats, 99 % des citoyens estiment que « certains » policiers sont corrompus, et 68 % jugent que cela concerne « la plupart » ou « tous » les agents. Cette perception de corruption généralisée dépasse celle des autres institutions publiques et illustre un malaise structurel dans le maintien de l’ordre et la protection des citoyens.
Les données révèlent des pratiques inquiétantes : parmi les citoyens ayant sollicité l’aide de la police, 51 % ont dû verser des pots-de-vin, et 61 % ont jugé difficile d’obtenir l’assistance demandée. De plus, 35 % de ceux ayant été confrontés à la police lors de contrôles ou d’enquêtes ont déclaré avoir payé pour éviter des problèmes. Cette situation contribue à un sentiment généralisé d’insécurité, 64 % des Gabonais ayant affirmé s’être sentis menacés dans leur quartier, et 44 % ayant craint pour leur domicile.
Cette défiance et ces pratiques corrompues ne sont pas seulement un problème moral ou social : elles constituent un véritable frein au développement économique. Afrobarometer souligne que l’intégrité des institutions est un levier essentiel pour améliorer le climat des affaires et attirer les investissements. Sans confiance dans la police et les services publics, les entreprises hésitent à investir, les citoyens se désengagent et la croissance nationale s’en trouve freinée.
Face à cette situation, le gouvernement de transition du Gabon a engagé depuis mai 2025 une réforme de la police, sous la supervision du Ministre de l’Intérieur Hermann Immongault. L’initiative prévoit la création de nouvelles unités spécialisées, le renforcement des capacités opérationnelles, la formation et le déploiement de 944 sous-officiers, ainsi que le recrutement de plus de 1.000 agents en cours de formation. Ces mesures visent à lutter contre le crime organisé, les violences sexistes et les violations des droits humains, et à restaurer la confiance des citoyens dans l’institution policière.