Gabon : le gouvernement déclenche une « opération vérité » sur les recettes publiques

2025-07-24 11:06:00
Dans un contexte de rigueur budgétaire et de moralisation de la vie publique, le gouvernement gabonais a lancé, lundi 21 juillet 2025, les premières conférences sur les recettes. Objectif affiché : en finir avec les zones d’ombre et établir une transparence totale sur les ressources financières perçues par l’État. Une démarche inédite, inscrite dans la volonté du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, d’ancrer la Vème République dans la redevabilité et l’efficacité.
Une cartographie des recettes pour sortir de l’opacité
Longtemps ignorées ou volontairement dissimulées, certaines recettes publiques échappaient au circuit budgétaire officiel. Désormais, il ne sera plus question d’une gestion parallèle ou de fonds publics logés hors du Trésor. « Pendant trop longtemps, certaines régies ont géré des fonds publics en dehors du cadre budgétaire », a dénoncé Alexandre Barro Chambrier, Vice-président du gouvernement, qui plaide pour une « traçabilité totale » des revenus de l’État.
Pour la première fois, les recettes issues des établissements publics, agences, offices, autorités administratives indépendantes ou entreprises à participation publique sont soumises au même degré d’exigence que celles des régies financières classiques. « Il ne s’agit plus seulement de collecter, mais de comprendre qui perçoit quoi, où, et pour quel usage », souligne un cadre du ministère du Budget.
Des recettes crédibles pour un budget réaliste
Cette opération de transparence s’inscrit dans la préparation du budget 2026, qui pourrait être le premier à intégrer, de façon exhaustive, la totalité des ressources effectivement encaissées par l’État. Henri-Claude Oyima, ministre d’État en charge des Finances, a averti : « Ce processus vise à identifier les poches de résistance, les fuites de recettes, les estimations fantaisistes. Désormais, chaque franc compté devra être traçable. »
Plus qu’un exercice comptable, il s’agit d’une révolution culturelle dans la manière d’aborder les finances publiques : moins d’approximation, plus de vérité. « En assainissant l’amont, nous pourrons mieux calibrer l’aval. Le budget doit reposer sur des recettes crédibles, pas sur des projections irréalistes », a insisté Alexandre Barro Chambrier.
Un tournant politique et institutionnel
Au-delà des chiffres, c’est la légitimité de l’État qui se joue. Cette démarche, présentée comme un « acte de souveraineté budgétaire », contraint chaque ministère, chaque régie, chaque entité publique à rendre compte de ses recettes propres. Une dynamique qui pourrait conduire, à terme, à une réforme en profondeur du système fiscal gabonais, incluant la numérisation des régies, l’interconnexion des bases de données et une lutte accrue contre la fraude.
En somme, les conférences sur les recettes marquent une étape décisive dans la refondation de la gouvernance publique. Et si le Gabon veut sortir du cycle des budgets fictifs et des dettes accumulées, cela passera d’abord par la fin des recettes fantômes.