Justice en marche : la société civile reçue par Oligui Nguema pour acter la fin de l’impunité des anciens prédateurs de l'Etat



2025-07-22 11:41:00

Le 21 juillet 2025 marque peut-être un tournant : le Président gabonais ouvre les portes du Palais à ceux qui réclament vérité, justice et transparence sur les crimes économiques de l’ancien régime.



Ce 21 juillet 2025, le Palais du Bord de mer a connu une scène inédite : des acteurs de la société civile, figures de la lutte contre la corruption et sentinelles de la démocratie gabonaise, ont été officiellement reçus par le Président Brice Clotaire Oligui Nguema. L’audience, discrète mais politiquement retentissante, confirme un tournant assumé du pouvoir : associer la nation toute entière à la grande œuvre de moralisation de la vie publique.

L’échange n’était ni symbolique, ni protocolaire. Il portait sur l’essentiel : la reddition des comptes, la fin de l’impunité, et le dépôt imminent d’une plainte contre les anciens prédateurs de l’État. Le collectif reçu par le Chef de l’État n’est pas de ceux qui courent les salons ministériels. Il s’agit de militants aguerris, porteurs d’enquêtes, de dossiers, de preuves – et d’une exigence de vérité.

Une plainte comme signal de rupture

Les mots utilisés par les représentants du collectif ne souffrent aucune ambiguïté : « Il est temps que ceux qui ont confondu caisse de l’État et compte personnel répondent de leurs actes ». Derrière cette phrase cinglante, se profile une initiative de justice inédite : une plainte formelle, à déposer devant les juridictions gabonaises, visant des gestionnaires publics de l’ancien régime. Les signataires s’appuient sur des engagements internationaux, dont la Convention des Nations unies contre la corruption, ratifiée par le Gabon, et entendent contraindre l’État à aller jusqu’au bout.

Ce geste, s’il aboutit, pourrait être fondateur : pour la première fois dans l’histoire du Gabon postcolonial, des Gabonais demandent à la justice nationale de juger ceux qui ont pillé l’État – et non de s’abriter derrière des compromis d’élites ou des négociations opaques.

L’État écoute – et semble prêt à agir

La réception du collectif par le Chef de l’État est en elle-même un message politique. Brice Clotaire Oligui Nguema, souvent perçu comme l’homme de l’ordre et de la restauration institutionnelle, tend désormais la main à la société civile pour bâtir un front commun contre les déviances du passé. En déclarant vouloir « libérer les Gabonais des pratiques mafieuses », le Président prend à témoin la nation. Il ouvre un nouveau chapitre de sa transition : celui du compte rendu, celui du redressement éthique.

Plus encore, il accepte la suggestion d’un renforcement de l’ANIF (Agence Nationale d’Investigation Financière), en lui promettant plus de moyens et d’indépendance. Loin d’être un simple organe technique, l’ANIF pourrait devenir l’épine dorsale de la future architecture anticorruption du pays.

La société civile en sentinelle de la République

Au-delà du symbole, ce moment traduit un basculement d’équilibre : la société civile n’est plus une force d’appoint, elle devient une actrice stratégique de la Ve République. Son autonomie, son expertise, sa capacité d’alerte la placent désormais dans une posture de contre-pouvoir assumé. La transition engagée ne saurait réussir sans elle.

Reste une question : jusqu’où ira l’État ? Jusqu’où Oligui Nguema est-il prêt à aller dans la traque des crimes économiques ? Jusqu’à remonter les filières ? Jusqu’à démasquer les réseaux encore infiltrés dans l’administration actuelle ? Une rupture véritable suppose du courage, et ce courage se mesure à la capacité d’affronter les puissants d’hier – même ceux qui se sont recyclés dans le présent.

Conclusion : une convergence à ne pas trahir

Ce 21 juillet 2025, deux Gabons se sont croisés au sommet de l’État : celui des promesses trahies et des budgets détournés, et celui d’une nouvelle génération qui réclame comptes, justice et dignité. Si Oligui Nguema maintient ce cap, il pourra inscrire son nom dans l’histoire non comme un simple président de transition, mais comme le restaurateur moral d’un État longtemps captif de la prédation.

La société civile, elle, a fait sa part. À l’État désormais de prouver que justice n’est pas un mot d’ordre, mais un acte de gouvernement.