La CNNII rompt son partenariat avec EBOMAF : un divorce aux allures de bras de fer économique

2025-08-22 11:00:00
La Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII) a annoncé, mercredi, la fin de sa collaboration avec le groupe EBOMAF de l’homme d’affaires burkinabé Mahamadou Bonkoungou. Dans un communiqué rédigé en termes mesurés, la société publique gabonaise s’est contentée d’indiquer que ce partenariat, engagé en février 2025, prenait fin. Aucune explication officielle n’a pour l’instant été fournie, mais cette décision marque un tournant dans la gestion de l’un des outils de souveraineté nationale en matière de transport fluvial, lagunaire et maritime.
Ce divorce intervient seulement six mois après que l’État eut confié les rênes de la CNNII à EBOMAF. L’objectif était alors de relancer une compagnie moribonde, plombée par une dette importante envers ses fournisseurs et minée par 17 mois d’arriérés de salaires pour ses employés. Si le groupe burkinabé avait consenti à livrer un navire pour renforcer la ligne stratégique Libreville–Port-Gentil, son arrivée avait également suscité de vives inquiétudes en interne. Des voix s’étaient élevées pour dénoncer des « pratiques managériales contestées », laissant planer le doute sur la viabilité du modèle imposé par le repreneur.
La CNNII a tenu à rassurer ses clients et partenaires : la fin de la collaboration avec EBOMAF n’affectera ni ses activités ni la qualité de ses services. L’annonce cherche à calmer les appréhensions d’une clientèle dépendante de la liaison maritime entre Libreville et la capitale économique, Port-Gentil. Reste cependant la question de fond : EBOMAF a-t-il réellement redressé les indicateurs de la société durant son court passage, ou laisse-t-il derrière lui une entreprise toujours fragile ? Aucune donnée précise n’a, pour l’heure, été communiquée.
Arrivé au Gabon dans la foulée de la transition politique enclenchée le 30 août 2023, EBOMAF s’était imposé comme l’un des principaux investisseurs privés du pays, multipliant les chantiers dans le BTP et diversifiant ses activités dans l’aviation à travers Fly Gabon. La rupture de ce partenariat stratégique avec la CNNII ouvre désormais une période d’incertitude. Elle interroge sur la capacité de l’État à reprendre seul les commandes de cette entreprise publique, tout en relançant le débat sur la place réelle qu’EBOMAF entend occuper dans le nouvel écosystème économique gabonais.