Lastourville : Les mystères d’une civilisation vieille de 25 000 ans refont surface au cœur de la forêt gabonaise

2025-08-09 17:53:00
Dans les profondeurs verdoyantes de la forêt équatoriale gabonaise, nichées au creux des falaises dolomitiques de Lastourville, une fenêtre exceptionnelle sur le passé s’ouvre grâce à des fouilles archéologiques sans précédent. Une équipe internationale, sous la direction du géoarchéologue français Richard Oslisly, exhume des traces d’occupation humaine remontant à 25 000 ans avant notre ère, bouleversant ainsi notre compréhension de la préhistoire en Afrique centrale.
Alors que cette région dense et mystérieuse s’étend aujourd’hui, elle fut jadis, il y a deux milliards d’années, un vaste océan. Au sein de l’abri-sous-roche de Youmbidi, les chercheurs ont mis au jour une continuité d’occupation humaine s’étendant sur 12 000 ans, un exploit rare dans une zone longtemps négligée par la communauté scientifique.
Les vestiges découverts dévoilent une civilisation étonnamment sophistiquée. Outre des outils en pierre taillée datant du Pléistocène, des pointes de flèches et des éclats de dolomie et jaspe façonnés il y a plus de 10 000 ans, les fouilles ont révélé des trésors culturels : un tesson de poterie vieux de 6 500 ans, une perle élaborée à partir d’une coquille d’escargot âgée de 3 300 à 4 900 ans, et même des dents humaines dont l’analyse ADN pourrait révéler bien des secrets.
Pour l’archéologue Geoffroy de Saulieu, ces découvertes redéfinissent la perception de ces sociétés anciennes : « Nous sommes loin des clichés d’un homme primitif, ces populations faisaient preuve d’innovation, de rituels et d’un art de vivre complexe. »
Mais cette quête ne se limite pas à l’étude des vestiges matériels. Les chercheurs, avec l’appui du paléoclimatologue Yannick Garcin, cherchent à comprendre comment ces sociétés ont réussi à s’adapter à des bouleversements climatiques majeurs survenus en Afrique centrale au cours des derniers millénaires.
Richard Oslisly, pionnier de l’archéologie forestière, insiste sur l’importance de ces travaux : « Découvrir comment nos ancêtres ont cohabité avec leur environnement, parfois hostile, est une clé pour mieux appréhender les défis écologiques que nous affrontons aujourd’hui et demain. »
Lastourville, en révélant ces témoins silencieux du passé, éclaire ainsi non seulement l’histoire ancienne de l’Afrique centrale, mais invite aussi à une réflexion urgente sur la relation entre l’homme et la nature dans un monde en pleine transformation.