Les Brics + : nouvelle alliance anti-US ? ou signe d’un monde multipolaire rééquilibré.



2025-07-18 16:15:00

L’élargissement du groupe des BRICS en BRICS+ soulève autant d’espoirs que de crispations. Si certains y voient une coalition rivale de l’Occident, d’autres y lisent les prémices d’un ordre mondial plus équilibré.



Avec l’adhésion récente de nouveaux pays tels que l’Iran, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Arabie saoudite ou encore les Émirats arabes unis, le bloc BRICS formé à l’origine par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud évolue vers une configuration élargie : les BRICS+. Cette dynamique, qui entend offrir une alternative à l’hégémonie occidentale, notamment celle des États-Unis, soulève une question centrale : s’agit-il d’une alliance géopolitique de rupture ou du signe d’un rééquilibrage mondial nécessaire ?

À bien des égards, l’expansion des BRICS traduit une frustration croissante des pays du Sud global face à un système international jugé inéquitable, dominé par les règles du G7 et des institutions financières occidentales. Le développement d’outils alternatifs comme une nouvelle monnaie d’échange, des banques propres ou des systèmes de paiement non occidentaux vise clairement à contourner l’influence du dollar et à remettre en cause les leviers économiques traditionnels de Washington.

Mais parler d’“alliance anti-US” reste excessif. Le groupe BRICS+ demeure idéologiquement et stratégiquement fragmenté. L’Inde, par exemple, entretient des relations stratégiques avec les États-Unis, tandis que la Chine et la Russie affichent une posture plus ouvertement rivale. Les intérêts économiques et géopolitiques des membres divergent souvent, ce qui limite, pour l’instant, l’efficacité d’une coordination unifiée.

Loin d’un bloc monolithique, les BRICS+ apparaissent plutôt comme le reflet d’un monde multipolaire en gestation, où les pôles d’influence se diversifient. Ce n’est pas tant une opposition frontale aux États-Unis qu’une affirmation d’autonomie des puissances émergentes, réclamant une voix plus audible sur la scène mondiale.

Le BRICS+ n’est pas encore un contre-pouvoir structuré, mais il incarne une réalité géopolitique nouvelle : celle d’un monde qui ne veut plus subir, mais peser. À l’Occident de comprendre ce tournant non comme une menace, mais comme un appel à la refondation du multilatéralisme.