Marché noir de l’avortement à Nkembo : quand le silence tue

2025-06-24 11:43:00
Dans les entrailles du marché de Nkembo, au 2ᵉ arrondissement de Libreville, un commerce clandestin prospère sur la douleur et la détresse des femmes.
Chaque jour, dans une indifférence quasi générale, des pilules abortives sont vendues à la sauvette, sans ordonnance, ni encadrement médical. Un fléau silencieux qui transforme ce haut-lieu de l’activité commerciale en foyer de drames sanitaires. Derrière ces pratiques, des vies sont brisées, des destins compromis, et une alerte sanitaire crie dans le désert.
Les témoignages sont glaçants. Pour quelques billets, des jeunes vendeurs proposent à voix basse des médicaments qui provoquent des saignements, des douleurs, parfois la mort. Le Dr Ambounda Nathalie, gynécologue au CHUL, tire la sonnette d’alarme : infections, stérilité, péritonites, arrêts cardiaques, les conséquences sont aussi diverses que dramatiques. Et pourtant, ces pilules circulent librement, dans un pays où la loi reste muette sur l’IVG et où la peur du regard social pousse nombre de jeunes femmes dans les bras d’un système informel criminel.
Ce commerce de la mort prospère sur un vide : vide législatif, vide éducatif, vide sanitaire. Il interroge aussi la responsabilité de tous : pouvoirs publics, familles, leaders religieux, éducateurs. Car si l’État n’intensifie pas la lutte contre cette bombe à retardement, si la société ne brise pas le tabou de la sexualité et de la grossesse non désirée, les marchés comme celui de Nkembo continueront de faire couler le sang dans l’ombre, loin des regards, loin des soins, et loin de la justice.