Muhammadu Buhari (1942 – 2025) : Dernier souffle d’un géant politique nigérian



2025-07-13 23:39:00

L’ancien président du Nigeria, Muhammadu Buhari, est décédé ce dimanche 13 juillet 2025, à l’âge de 82 ans, dans une clinique londonienne où il était soigné depuis plusieurs semaines, selon un communiqué officiel émanant de la présidence nigériane. Cette disparition marque la fin d’un parcours unique dans l’histoire contemporaine du Nigeria, entre rigueur militaire, transition démocratique et gestion controversée.



Né le 17 décembre 1942 à Daura, dans l’État de Katsina, au nord du Nigeria, Muhammadu Buhari entre dans l’armée en 1961. Officier formé au Royaume-Uni et aux États-Unis, il se distingue pendant la guerre civile nigériane (1967–1970). En 1983, il prend le pouvoir par un coup d’État, mettant fin à la Deuxième République.

Dirigeant militaire de 1983 à 1985, son style de gouvernance autoritaire est marqué par une lutte farouche contre la corruption et l’indiscipline sociale. Toutefois, cette gouvernance dure et répressive lui vaut d’être renversé deux ans plus tard par un autre putsch militaire.

Après plusieurs années de retrait, Buhari revient sur la scène politique à la faveur du retour à la démocratie en 1999. Candidat malheureux aux élections présidentielles de 2003, 2007 et 2011, il devient finalement en 2015 le premier opposant à remporter une élection présidentielle démocratique au Nigeria, battant le président sortant Goodluck Jonathan. Il est réélu en 2019.

Ce retour civil d’un ancien militaire est perçu à l’époque comme un tournant historique. Son image d’homme intègre séduit une population lasse des scandales à répétition.

Porté par une promesse de lutte contre la corruption, de relance économique et de rétablissement de la sécurité face à Boko Haram, Buhari entame son mandat avec beaucoup d’espoir. Pourtant, le contraste entre attentes et réalité devient de plus en plus visible :

Corruption : Des progrès dapartiels, mais une justice perçue comme sélective.

Insécurité persistante : Boko Haram reste actif, le banditisme explose au nord-ouest et les tensions communautaires s’intensifient.

Économie fragile : Deux récessions en 2016 et 2020, inflation galopante, pauvreté grandissante.

Libertés civiles : Accusé d’autoritarisme, notamment pendant les manifestations #EndSARS en 2020 et par l’interdiction de Twitter en 2021.

Malgré les critiques, certains saluent ses efforts de modernisation des infrastructures, de réforme de l’administration publique et de redressement de certaines institutions.