Owendo dans l’œil du cyclone : la démolition sans dialogue met à nu les limites de la politique urbaine



2025-06-23 16:39:00

Après Libreville, c’est désormais la commune d’Owendo qui est frappée de plein fouet par la politique de déguerpissement accéléré engagée par les autorités de transition.



Carrefour-SNI, Virié 2 et Barracuda sont les nouveaux épicentres d’un bras de fer silencieux entre la nécessité de réaménager l’espace urbain et le respect des droits fondamentaux des citoyens. Plus d’une centaine de foyers sommés de quitter les lieux en 72 heures, sans relogement ni accompagnement : l’opération, bien que légale dans ses fondements, heurte par sa brutalité.

Les témoignages qui remontent du terrain dessinent une réalité profondément anxiogène. Des familles installées depuis plusieurs générations apprennent, presque par surprise, qu’elles doivent abandonner leur foyer sous peine de destruction imminente. Une politique de modernisation urbaine sans dispositifs sociaux d’accompagnement ne peut que créer rancœur et désarroi. Le cri du cœur d’une habitante — « On ne refuse pas de partir, mais dites-nous au moins où aller ! » — résume le malaise. Entre incompréhension, peur et sentiment d’injustice, le fossé semble se creuser entre la vision d’un État rénovateur et le vécu d’une population en quête de considération.

Ces évictions, menées au nom d’un assainissement du tissu urbain, ne sont pas sans rappeler les pages sombres de l’urbanisme à marche forcée. En ne ménageant ni le temps, ni les conditions humaines du déplacement, le gouvernement prend le risque de fracturer le lien de confiance qu’il cherche à rebâtir avec les citoyens. Il ne s’agit plus simplement de réorganiser l’espace : il faut penser la ville en tant que communauté vivante, ancrée dans des histoires, des trajectoires, des appartenances. Assainir, oui. Expulser, non. Humaniser les déguerpissements devient donc une exigence politique si l’on veut bâtir un Gabon juste, inclusif et solidaire.