Port fluvial de Ndjolé : un projet phare enlisé dans les promesses non tenues



2025-06-12 12:22:00

Annoncé comme un levier central de la relance économique post-transition, le port fluvial de Ndjolé, lancé en grande pompe le 21 juin 2024 par le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, connaît aujourd’hui un retard inquiétant. À l’origine, la livraison de cette infrastructure stratégique était prévue pour avril 2025. Pourtant, en cette mi-juin, aucune mise en service n’est en vue. Ce silence autour de l’avancement du chantier suscite interrogations et frustrations.



Une ambition nationale freinée par des lenteurs criantes

Pensé comme un maillon essentiel de la stratégie minière nationale, le port de Ndjolé devait faciliter l’acheminement des minerais extraits à l’intérieur du pays – notamment dans le cadre du protocole sino-gabonais signé lors du Forum sur la coopération sino-africaine, pour un financement de 360 millions de dollars. L’objectif : faire du Gabon une plaque tournante de la transformation locale d’au moins 35 % du minerai à faible teneur.

Mais cette ambition se heurte aujourd’hui à la réalité des lenteurs administratives, à l’absence de visibilité sur le chantier, et à un déficit criant de communication. Depuis la pose de la première pierre, aucun rapport d'étape public n’a été publié, nourrissant la méfiance de l’opinion et l’inquiétude des partenaires économiques.

Engagements officiels, retards officieux

Le 14 septembre 2024, neuf membres du gouvernement, dont le ministre des Mines, Gilles Nembe, avaient pourtant réaffirmé la promesse d’une livraison en avril 2025. Mais lors de son passage à l’émission Le Point gouvernemental sur Gabon 1ère, le 27 mars 2025, le même ministre a reconnu un retard, tout en restant évasif sur un nouveau calendrier. Un flou qui alimente désormais rumeurs et spéculations sur de possibles blocages techniques, financiers ou administratifs.

Un symbole de modernité devenu contre-exemple

L'enjeu dépasse la simple construction d’un port. Le projet de Ndjolé devait incarner la méthode Oligui, fondée sur la rigueur, l’efficacité et la rupture avec les errements du passé. Au lieu de cela, le chantier inachevé met en péril la crédibilité de l'exécutif. En l’absence d’informations claires, ce qui devait être un symbole de relance économique devient un symbole de paralysie institutionnelle.

Un appel à la transparence et à l’action

Si le gouvernement souhaite maintenir la confiance des citoyens et des investisseurs, il est urgent de clarifier la situation : publier un état d’avancement réel, annoncer un nouveau calendrier réaliste, et surtout, assumer les retards. Car à l’heure où le pays entame une transformation structurelle sous la 5e République, l’exemplarité dans la gestion des grands projets publics ne peut plus être un vœu pieux.