Production de farine de blé : +550 tonnes produites en trois mois et près de 950 tonnes supplémentaires en un an, mais le pain reste plus cher



2025-08-21 15:58:00

Au premier trimestre 2025, la production de farine de blé au Gabon a enregistré une progression de +1,1% par rapport à la fin de l’année 2024, et de +1,9% en glissement annuel.



Un chiffre en apparence modeste, mais qui représente tout de même environ 550 tonnes supplémentaires en trois mois et près de 950 tonnes sur un an, pour une minoterie produisant en moyenne 50 000 tonnes par trimestre. Or, cette hausse concerne directement l’aliment de base qu’est le pain, dont l’évolution des prix pèse fortement sur le budget des ménages.

La contradiction saute pourtant aux yeux : alors que la production de farine a légèrement augmenté, le prix du pain a grimpé de +5,9% sur la même période, malgré une baisse de -1,6% de l’indice FAO du blé au niveau mondial. Pour une famille gabonaise dépensant en moyenne 15 000 F CFA par mois en pain, cette inflation se traduit par un surcoût de 900 F CFA mensuels. Le problème se situe donc moins dans l’offre mondiale que dans les circuits nationaux de transformation et de distribution, encore fragilisés par les coûts logistiques et la dépendance aux importations.

Cette situation reflète la structure particulière du marché : la majeure partie des matières premières est importée, exposant les prix aux fluctuations du taux de change et aux coûts de transport. De plus, la concurrence limitée entre les minoteries et les distributeurs réduit la transmission des baisses mondiales vers le consommateur final. Autrement dit, produire davantage de farine ne garantit pas nécessairement une baguette moins chère dans les boulangeries.

Face à ce constat, les institutions appellent à une réforme en profondeur. Le document de cadrage économique du Gabon insiste sur le renforcement des filières agroalimentaires locales pour limiter la dépendance aux importations. La Banque mondiale recommande pour sa part d’investir dans la modernisation des minoteries, de sécuriser des stocks stratégiques et de fluidifier les chaînes logistiques. Car derrière un modeste +1,1% de production, l’enjeu est bien celui de la souveraineté alimentaire et de l’accessibilité des produits de base pour les ménages. Sans réformes, le pain continuera de coûter plus cher aux Gabonais, en dépit d’une production nationale en progression.