Prostitution 2.0 : au Gabon, le fléau du "placement" inquiète et s'organise en ligne



2025-06-17 17:43:00

Un mot à peine chuchoté hier est aujourd’hui devenu un commerce ordinaire. Le "placement" — ce terme codé derrière lequel se cache la prostitution via réseaux sociaux — alerte désormais jusque dans les cercles familiaux.



Le 10 juin 2025, le producteur de contenus web La Préfecture du Rire a lancé une mise en garde virale sur Facebook contre ce phénomène numérique qui prend des proportions alarmantes au Gabon. À travers son message, il brise un tabou : l’organisation de véritables marchés sexuels sur WhatsApp, Facebook ou Instagram, où des groupes privés diffusent des catalogues de jeunes filles avec prix, conditions et lieux de "livraison". Ces plateformes, devenues vitrines d’une prostitution numérique décomplexée, ciblent de plus en plus les jeunes, souvent mineures, attirées par la promesse d’un luxe rapide.

Mais cette publication n’est pas qu’un coup de projecteur : c’est un cri du cœur, une tentative de réveil moral. L’auteur s’adresse directement aux jeunes filles, à qui l’on fait croire que leur corps est une monnaie d’ascension sociale. Il leur rappelle qu’elles valent mieux qu’un tarif de nuitée, qu’elles ont le droit de rêver, d’être médecins, entrepreneures, artistes ou présidentes. Un message à contre-courant d’une société où le "débrouillardisme" est devenu un prétexte silencieux pour accepter l’inacceptable. Il met aussi en cause l’indifférence parentale, ce mutisme complice qui tolère le luxe sans en interroger l’origine : « Derrière ces billets se cachent des maladies, des viols déguisés, des traumatismes… et parfois la mort », écrit-il, sans fard.

Enfin, La Préfecture du Rire interpelle les autorités publiques. Car au-delà du choc moral, c’est une faille sécuritaire et sociétale qui s’élargit : des réseaux organisés opèrent à visage découvert sur internet, parfois en plein recrutement. Le Gabon n’est pas à l’abri d’un effondrement silencieux si rien n’est fait. Ce phénomène, à la fois numérique, économique et criminel, exige des réponses urgentes — juridiques, éducatives et sociales. Car derrière les likes et les pseudonymes se joue désormais une guerre invisible pour l’avenir de toute une génération.