Sécurité routière : Le ministre Manfoumbi tape t-il du poing sur la table avec des gants ?

Le ministre Manfoumbi

2025-05-27 12:28:00

Le Gabon roule à tombeau ouvert. Chaque semaine, la route fauche des vies. Chaque virage devient une menace, chaque croisement, une loterie. Devant cette réalité dramatique, le ministre des Transports, Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, est enfin sorti de son silence. Dans un communiqué daté du 22 mai, il promet rigueur, sanctions et responsabilité. Le ton est grave, le vocabulaire martial : « L’heure n’est plus à la compassion seule : elle est à l’action. » Très bien. Mais avec quels moyens ?



Car dans les faits, la Direction générale de la Sécurité routière (DGSR), bras armé censé faire respecter la loi sur le bitume, est désarmée. Trois radars pour tout le pays. Trois. Déployés sur des axes fixes. Aucun mobile. Aucune couverture réelle du réseau routier national. Une aberration en 2025. Comment prétendre lutter contre les excès de vitesse, les dépassements dangereux, ou les chauffards ivres au volant, sans les outils les plus élémentaires ?

La rigueur sans moyens est une illusion

Derrière les promesses ministérielles, c’est un État routier fantôme qui se dessine. Une DGSR sans fourrière. Des agents sans patrouilles ni couverture logistique. Des textes sans exécution. Le décret 13/74, qui encadre les missions de cette direction, prévoit pourtant un rôle central dans la prévention et l’anticipation des risques. Mais comment prévenir, quand on n’a même pas de véhicules pour circuler ? Le drame du PK9, qui a récemment coûté la vie à deux Gabonais, aurait-il pu être évité si une patrouille avait été sur zone ? La question dérange, mais elle mérite d’être posée.

Des paroles... et des passe-droits

Le ministre l’admet lui-même : les passe-droits minent la chaîne de responsabilité. Or, tant que l’impunité règnera, la peur du gendarme ne pèsera rien face à l’arrogance du chauffeur délinquant. Et l’autorité perdra la bataille de la crédibilité.

Il ne suffit plus d’agiter la menace de sanctions. Encore faut-il avoir les moyens de les appliquer. Et d’oser un vrai sursaut institutionnel. Cela commence par un plan d’urgence pour réarmer la DGSR : radars mobiles, véhicules d’intervention, effectifs renforcés, fourrières opérationnelles dans chaque province. Sans cela, tout discours reste une coquille vide.

Pour une pédagogie de la vérité

Enfin, il est temps d’en finir avec l’omerta statistique. Le gouvernement devrait publier chaque mois les chiffres de la mortalité routière, les causes identifiées, les points noirs recensés. Confronter la nation à la réalité des drames, c’est un devoir de transparence. C’est aussi le début de la prise de conscience.

Le ministre Manfoumbi a posé un diagnostic lucide. Maintenant, le pays attend l’ordonnance. Et des résultats.