Sénégal : le Grand Théâtre national interdit perruques, rajouts et dépigmentation chez ses agents



2025-09-01 17:25:00

Le Sénégal est au cœur d’un vif débat depuis la diffusion d’une note de service de la direction générale du Grand Théâtre national de Dakar.



Ce document interdit formellement à son personnel le port d’extensions capillaires, de perruques, ainsi que la dépigmentation. Une mesure qui suscite à la fois l’adhésion et la controverse.

Selon la direction du Grand Théâtre, cette décision vise avant tout à « préserver l’image de l’État » et à « encourager la promotion de la beauté naturelle africaine ». Les responsables estiment que les pratiques visées dénaturent les valeurs culturelles et panafricaines que doit incarner une institution artistique nationale.

Le discours rejoint une tendance plus large observée sur le continent, où certains acteurs publics et culturels plaident pour un retour assumé aux cheveux naturels et au teint originel, dans une logique de fierté identitaire.

La mesure a rapidement provoqué un tollé sur les réseaux sociaux et dans l’opinion publique.

Des militants des droits humains, à l’instar de Seydi Gassama, dénoncent une atteinte aux libertés individuelles. Pour eux, « ce ne sont pas les cheveux qui travaillent, c’est le cerveau », et l’apparence physique ne devrait pas conditionner la compétence professionnelle.

D’autres estiment que si la lutte contre la dépigmentation peut se justifier par des arguments de santé publique en raison des risques liés à certains produits éclaircissants, l’interdiction des perruques et rajouts relève davantage d’une contrainte esthétique que d’une nécessité fonctionnelle.

Pour l’heure, la portée de cette interdiction reste circonscrite au Grand Théâtre national. Aucun ministère ni autre institution publique n’a annoncé de mesure similaire. Aucune sanction disciplinaire n’a non plus été clairement définie.

Cependant, la décision n’est pas anodine : elle pourrait ouvrir la voie à un débat national plus large sur l’image de la fonction publique, la valorisation des cultures africaines, mais aussi sur la liberté individuelle face aux injonctions esthétiques.