Scrutin du 27 septembre : la Ve République face à sa première catastrophe électorale



2025-09-28 12:27:00

Présentées comme l’ultime étape de la transition, les élections législatives et locales du 27 septembre 2025 devaient incarner le renouveau démocratique promis par la Ve République. Mais à peine les urnes refermées, les contestations se multiplient et dressent le tableau d’un rendez-vous manqué, révélateur d’un retour brutal à des pratiques que l’on croyait définitivement écartées.



Car si le président Brice Clotaire Oligui Nguema a, à maintes reprises, réaffirmé sa volonté de faire du Gabon un modèle de transparence et de crédibilité électorale, les réalités du terrain sont venues contredire ce cap. Dans plusieurs circonscriptions, la composition des bureaux de vote, largement dominée par le parti présidentiel, la gestion opaque des procurations, l’exclusion de scrutateurs de certains partis et la persistance des électeurs « transhumants » déplacés en masse, ont ravivé le spectre d’un système électoral discrédité.

Pire encore, la résurgence de listes électorales truffées de noms de personnes décédées, pourtant régulièrement signalés, a renforcé le sentiment d’une organisation défaillante. Ces dysfonctionnements, dénoncés sur le terrain par des formations politiques et observateurs, apparaissent comme une trahison des ambitions de refondation qui avaient nourri l’espoir du 30 août 2023.

Pour nombre d’analystes, ce scrutin marque une véritable catastrophe symbolique pour la Ve République. Non seulement il fragilise la légitimité des élus qui en sortiront, mais il expose aussi le régime d’Oligui Nguema à un procès en incohérence : comment concilier le discours sur l’État de droit et les pratiques d’un autre âge qui resurgissent à la première échéance électorale ?

Le paradoxe est d’autant plus frappant que le Chef de l’État lui-même avait multiplié les assurances sur la tenue d’un scrutin « respectueux de l’ordre démocratique ». Mais à l’épreuve des faits, la réalité semble avoir échappé à son contrôle. De quoi nourrir le doute sur la capacité de la Ve République à rompre, en profondeur, avec les démons du passé.

Au lieu d’être un moment fondateur, le 27 septembre pourrait bien rester comme une date charnière : celle où le rêve d’une République exemplaire s’est heurté de plein fouet à la persistance des vieilles pratiques.