Souveraineté éducative et responsabilité collective : le Gabon renforce ses ambitions avec le Salon national du bachelier



2025-07-22 11:48:00

Organisé par la CGEUP avec le soutien des autorités, le Salon 2025 marque une inflexion majeure : former l’élite gabonaise sur le sol national, pour bâtir un avenir maîtrisé, enraciné et durable.



L’esplanade de Gabon Télévision, devenue pour deux jours la capitale symbolique de l’enseignement supérieur gabonais, a accueilli ce lundi l’ouverture officielle du Salon national du bachelier 2025. Plus qu’un événement académique, ce rendez-vous, organisé par la Conférence des Grandes Écoles et Universités Privées du Gabon (CGEUP), résonne comme un acte politique fort : replacer l’éducation au cœur du développement national, sous l’égide d’un mot d’ordre clair – former au Gabon, pour construire le Gabon.

Une réponse à l’urgence d’encadrer l’exode post-bac

Dans une atmosphère empreinte de gravité et d’espoir, le vice-président de la CGEUP, Dr Alilat Antselevé-Oyima, a lancé un message sans détour : « Le bachelier est une matière première précieuse. Comme nos ressources naturelles, il doit être transformé ici, sur place. »

Cette analogie, aussi percutante que lucide, reflète un consensus qui émerge dans la société gabonaise : l’exode précoce des jeunes vers l’étranger – souvent dès 14 ou 15 ans – expose à des risques majeurs (insécurité, isolement, perte de repères) et prive le pays de ses forces vives au moment même où elles pourraient être formées à ses réalités.

Une volonté politique affirmée

Prenant la parole à son tour, le ministre de l’Enseignement supérieur, Dr Simplice Désiré Mamboula, a donné à cette initiative une tonalité solennelle :

« C’est une mort de trop. (…) Nous devons créer les conditions pour que tout se passe ici, sur notre sol national. »

Évoquant le cas récent et tragique d’un étudiant gabonais décédé à l’étranger, il a rappelé l’impératif d’un recentrage des politiques éducatives sur le territoire.

Saluant la réactivité du secteur privé en matière pédagogique, le ministre a néanmoins souligné la nécessité d’une harmonisation des offres de formation, afin d’éviter la fragmentation du paysage universitaire. Il a plaidé pour une comparabilité des standards, entre public et privé, afin de garantir l’équité, la transparence et la performance des parcours.

Vers un pacte éducatif national

Au-delà de la compétition institutionnelle, le Salon 2025 appelle à un pacte éducatif national. Le président de la CGEUP, Pr Jean-Louis Nkoulou Nkoulou, a insisté sur la dimension stratégique du rendez-vous :

« Ce salon est une étape décisive pour nos jeunes bacheliers. Il doit permettre à chaque famille, à chaque étudiant, de comprendre que le Gabon dispose désormais d’institutions solides, prêtes à les accueillir et à les faire réussir. »

L’événement prend ainsi la forme d’un véritable forum d’orientation, avec des stands interactifs, des conférences thématiques et des rencontres avec des professionnels. Il ambitionne de restaurer la confiance des familles dans un système éducatif en pleine mutation, résolument engagé vers l’excellence et l’ancrage local.

Un signal pour la jeunesse et pour la nation

Ce Salon est aussi un message adressé à la jeunesse gabonaise : l’avenir ne se construit plus nécessairement à l’extérieur. Le Gabon veut former chez lui, en maîtrisant ses programmes, ses valeurs, ses modèles de réussite. Il s’agit là d’une stratégie de souveraineté éducative, au croisement de la transformation économique et de la consolidation républicaine.

Par cette initiative, la CGEUP et ses partenaires publics répondent à un impératif historique : mettre fin à la dépendance intellectuelle, redonner au Gabon le pouvoir de fabriquer ses élites, ses chercheurs, ses ingénieurs, ses cadres – non comme des produits d’exportation, mais comme des bâtisseurs du territoire.

Le Salon national du bachelier 2025 n’est pas une simple foire académique. Il est le symbole d’un sursaut national, un appel à la responsabilité collective face à l’urgence éducative. Dans un pays qui aspire à la transformation, il marque un tournant : former ici, pour réussir ensemble, et rendre à l’école gabonaise la dignité et la centralité qu’elle mérite.