Suspension des bourses pour les États-Unis et le Canada dès 2026 : une décision pragmatique ou une fermeture prématurée ?

2025-07-15 14:17:00
L’annonce du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, de suspendre l’octroi de bourses vers les États-Unis et le Canada à partir de 2026 a suscité de vives interrogations. Le motif avancé ? Le coût jugé trop élevé des études dans ces pays et le constat selon lequel les étudiants qui y partent « ne reviennent jamais ». À première vue, cette décision semble relever d’une volonté pragmatique. Mais, en y regardant de plus près, elle soulève bien plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.
Une perte d’accès à l’excellence mondiale
Les États-Unis et le Canada abritent certaines des meilleures universités au monde, capables de former des leaders dans tous les domaines : médecine, ingénierie, économie, diplomatie, intelligence artificielle, etc. Refuser à nos meilleurs bacheliers l’accès à ces centres d’excellence, c’est limiter volontairement leur horizon — et, par ricochet, brider le potentiel d’innovation, de compétitivité et de transformation que ces talents pourraient insuffler au Gabon.
Un investissement, pas une fuite
Le postulat selon lequel les étudiants « ne reviennent jamais » mérite d’être nuancé. Nombre d’entre eux rentrent au pays, ou restent connectés à lui, apportant des compétences, des réseaux, des financements ou encore des partenariats stratégiques. La diaspora gabonaise formée dans les grandes universités internationales constitue un levier majeur pour notre soft power, notre économie, nos politiques publiques. L’enjeu n’est pas de les empêcher de partir, mais de créer les conditions pour qu’ils aient envie de revenir, d’investir, de transmettre.
Oui à l’Afrique, mais pas par défaut
Le Sénégal, le Ghana, le Maroc sont cités comme destinations alternatives privilégiées. Et c’est une bonne chose : leurs systèmes éducatifs montent en puissance, attirant de plus en plus d’étudiants africains. Ces pays offrent aujourd’hui des formations compétitives, modernes, souvent plus accessibles, dans un cadre culturel et linguistique proche. Il est donc pertinent de renforcer la coopération universitaire régionale. Mais cette dynamique ne doit pas être le fruit d’un repli ou d’une contrainte budgétaire. Elle doit relever d’un choix stratégique assumé, complémentaire — et non d’un substitut par défaut à l’accès aux standards internationaux.
Un avenir sous contrainte ou une vision à élargir ?
À travers cette décision, le Gabon risque de se refermer sur lui-même au moment où le monde s’ouvre davantage à l’Afrique. Former nos élites uniquement dans des environnements similaires pourrait réduire leur capacité à évoluer dans un monde globalisé, à confronter leurs idées, à s’adapter à des contextes diversifiés. Ce n’est pas un luxe que de préparer nos étudiants aux défis internationaux, c’est une nécessité stratégique.
Équilibre et ambition