Longtemps exporté à l’état brut, le manganèse entre désormais dans une nouvelle phase stratégique : celle de sa transformation locale. Derrière cette volonté affichée de montée en valeur, se cache un enjeu économique, industriel et géopolitique majeur. Voici les 12 clés pour comprendre les dessous d’un tournant décisif.

Le mot est sur toutes les lèvres : transformation. Après des décennies d’exportation de manganèse brut, le pays amorce enfin une inflexion stratégique vers la valorisation locale de cette ressource essentielle. Mais au-delà des discours et des annonces, quels sont les vrais enjeux ? Que faut-il comprendre de cette ambition industrielle ? Voici les 12 choses à savoir pour décoder les enjeux de la transformation du manganèse. Le manganèse est un composant essentiel de la sidérurgie. Il entre dans la composition de l’acier et, de plus en plus, des batteries électriques. Dans un monde en pleine transition énergétique, sa valeur stratégique s’accroît. Avec plusieurs millions de tonnes produites chaque année, le pays est l’un des premiers exportateurs mondiaux de manganèse. Pourtant, plus de 90 % de cette production quitte le territoire sans aucune transformation, privant l’économie nationale d’une plus-value industrielle significative.

Transformer le manganèse sur place permettrait de multiplier la valeur de la tonne exportée, de renforcer les recettes fiscales, et de créer des emplois industriels qualifiés. C’est un impératif économique et un enjeu de souveraineté. À ce jour, seules quelques unités pilotes ou semi-industrielles existent, souvent à faible capacité. L’ambition gouvernementale est de passer à l’échelle, en attirant des investissements lourds dans des complexes de transformation (alliages, silicomanganèse, etc.). Pas de transformation sans énergie fiable, accès à l’eau, voies de communication et logistique portuaire efficace. Le défi est autant infrastructurel qu’industriel. L’État ne peut agir seul. La réussite de la transformation passe par des partenariats solides avec les grands opérateurs miniers, mais aussi avec des acteurs industriels spécialisés dans la métallurgie.

Le code minier actuel prévoit la valorisation locale, mais les incitations fiscales, les quotas de transformation, ou encore les obligations de transfert de technologie restent timides ou mal appliqués. Le cadre doit évoluer pour devenir plus incitatif et contraignant. Transformer localement, c’est aussi miser sur les compétences nationales. Aujourd’hui, le pays manque d’ingénieurs métallurgistes, de techniciens spécialisés. Il faut repenser la formation professionnelle et technique. La transformation locale permettrait de réduire les importations de produits dérivés et d’augmenter les exportations à plus forte valeur ajoutée. Un levier essentiel pour rééquilibrer la balance commerciale.

Une industrie du manganèse bien structurée pourrait desservir non seulement le marché national, mais aussi les marchés régionaux en pleine croissance : Afrique centrale, de l’Ouest, voire au-delà. La transformation métallurgique est énergivore et potentiellement polluante. Le défi est de concilier industrialisation et durabilité environnementale, avec des normes strictes, des technologies propres et un contrôle rigoureux. Dans un contexte de rareté mondiale des minerais critiques, les grandes puissances (Chine, Inde, UE, États-Unis) cherchent à sécuriser leur approvisionnement. En transformant localement, le pays peut renégocier sa place dans les chaînes de valeur mondiales et échapper à la logique de dépendance brute.

La transformation du manganèse n’est pas un luxe, c’est une nécessité stratégique. C’est l’étape qui peut faire passer le pays d’un statut de simple fournisseur de matières premières à celui d’acteur industriel crédible sur la scène internationale. Mais pour réussir ce virage, il faudra de la volonté politique, des investissements massifs, une réforme du cadre légal et un accompagnement rigoureux des compétences locales. L’avenir du manganèse se joue maintenant  et il se joue ici.

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Rédaction de Biba 241

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