Unicité des caisses publiques : Henri-Claude Oyima lance le chantier de la vérité budgétaire



2025-07-25 12:05:00

À l’ouverture des conférences budgétaires 2026, le ministre de l’Économie, Henri-Claude Oyima, a tranché dans le vif. Finies les acrobaties comptables. Place à la rigueur, à la transparence, et surtout à l’unicité des caisses publiques. Une déclaration d’intention forte, qui résonne comme un ultimatum dans une administration encore gangrenée par des pratiques opaques et des intérêts croisés.



« Toutes les recettes générées sur le territoire national doivent être reversées systématiquement et obligatoirement au Trésor national ». Derrière cette phrase, un constat sévère : l’État gabonais fonctionne encore sur un modèle budgétaire fragmenté, où ministères, agences, et sociétés d’État ouvrent leurs propres comptes bancaires, échappant de facto à tout pilotage centralisé. Une violation directe de l’article 80 de la loi organique relative aux lois de finances, pourtant sans ambiguïté sur l’unicité des caisses publiques.

Le problème ne date pas d’hier, mais la Vème République ne pourra pas faire l’économie d’un assainissement. Car au-delà du cadre légal, c’est toute la sincérité des prévisions budgétaires qui est en jeu. Comment financer un projet de transformation économique si personne ne sait exactement combien l’État encaisse ? Pour Oyima, cette ère doit appartenir au passé.

Briser les totems de l’impunité comptable

La mise en garde du ministre d’État sonne comme une reprise en main de l’action publique. Il ne s’agit plus de laisser les structures gérer leurs régies comme des fiefs privés. L’heure est venue de recentraliser, de fermer les comptes parallèles, de forcer les régies à réintégrer le giron budgétaire national. Autrement dit : replacer chaque franc sous l’autorité du Trésor public.

Car si les finances publiques sont malades, c’est moins par manque de ressources que par excès de dérives. Tant que les recettes échapperont à la visibilité de l’État, le pilotage stratégique restera aveugle. Et tant que des caisses parallèles alimenteront des réseaux d’influence, l’État ne sera jamais l’unique moteur de l’action économique.

L’unicité des caisses : test de crédibilité pour la Vème République

Ce combat n’est pas technique, il est politique. La réforme défendue par Henri-Claude Oyima est un marqueur fort de l’ambition réformatrice du Président Brice Clotaire Oligui Nguema. En imposant une traçabilité totale, le gouvernement envoie un message clair : il ne peut y avoir de transformation sans vérité budgétaire.

Mais il faudra tenir. Car derrière les discours, les résistances sont nombreuses. L’unicité des caisses bouscule des habitudes enracinées. Elle oblige à rendre des comptes. Elle force à planifier sur des bases réelles, pas sur des chiffres arrangés. Elle expose aussi, en creux, les complicités qui ont laissé prospérer ce système de double circuit.

Vers un État stratège et responsable

C’est ici que se joue la crédibilité du nouveau régime. Mettre fin à l’opacité comptable, c’est permettre à l’État d’assumer pleinement son rôle d’investisseur, de régulateur, et de protecteur du bien commun. C’est aussi redonner confiance aux partenaires extérieurs, aux investisseurs et aux citoyens.

La route est étroite, mais elle est nécessaire. En rétablissant l’unicité des caisses publiques, Henri-Claude Oyima ne fait pas que corriger une anomalie : il pose les bases d’un État moderne, où l’argent public cesse d’être une rente privée, pour redevenir un levier de développement collectif.