VIH : un traitement révolutionnaire débarque en Europe, mais à quel prix ?

2025-09-02 14:49:00
La lutte contre le VIH connaît une avancée majeure. Fin août 2025, la Commission européenne a donné son feu vert à la mise sur le marché du lenacapavir, une injection semestrielle qui promet de transformer la prévention de l’infection.
Présenté comme une révolution médicale, ce traitement suscite autant d’espoirs que de débats, notamment en raison de son coût élevé.
Développé par le laboratoire américain Gilead Sciences, le lenacapavir, commercialisé sous le nom Yeytuo en Europe et Yeztugo aux États-Unis, est le premier traitement de prophylaxie pré-exposition (PrEP) administré tous les six mois. L’efficacité démontrée lors des essais cliniques est spectaculairement proche de 100 % dans la prévention des nouvelles infections. Ce rythme semestriel pourrait résoudre l’un des principaux défis des traitements actuels : l’adhésion régulière, souvent difficile à maintenir avec les comprimés quotidiens.
Si l’efficacité du traitement ne fait pas débat, son prix soulève de nombreuses inquiétudes. Aux États-Unis, l’injection est commercialisée à environ 28 000 à 42 000 dollars par an (soit 15 692 753 à 23 539 130 Fcfa). En Europe, le prix n’est pas encore fixé, il dépendra des négociations entre Gilead et les systèmes de santé nationaux. Cette dimension financière pose un problème majeur : le traitement risque d’être réservé aux pays les plus riches, alors que ce sont souvent les régions à faibles revenus qui connaissent les plus forts taux de nouvelles infections.
Conscient de la polémique, Gilead a annoncé la mise à disposition de licences volontaires permettant la production de génériques à bas coût (25 à 40 dollars par an) dans 120 pays à faibles ou moyens revenus. Cependant, plusieurs pays, notamment en Amérique latine, où l’épidémie progresse rapidement, ne figurent pas dans cette liste. Un choix qui limite considérablement l’impact mondial de cette avancée médicale.
Le lenacapavir représente indéniablement un tournant dans la lutte contre le VIH. En facilitant l’observance thérapeutique et en réduisant le risque de contamination, il offre une nouvelle arme dans l’arsenal de la prévention. Néanmoins, experts et associations de patients rappellent que la réussite dépendra d’une politique d’accès équitable. Sans prix abordable et sans inclusion des zones les plus touchées, ce “traitement miracle” pourrait accentuer les inégalités plutôt que les réduire.