Jo Dioumy Moubassango plaide pour un parti présidentiel autour de Brice Clotaire Oligui Nguema

2025-06-10 12:18:00
Dans une tribune publiée récemment, le député de la transition Jo Dioumy Moubassango est revenu sur le débat de fond qui agite discrètement la scène politique gabonaise : faut-il doter le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, d’un parti politique propre ? À cette question, le parlementaire répond sans détour : oui, et pour des raisons stratégiques, politiques et pédagogiques.
Un avertissement à ceux qui s’en remettent au score du 12 avril
Pour Jo Dioumy Moubassango, il est fallacieux d’affirmer que le plébiscite populaire de 94,35 % obtenu par le Chef de l’État lors de l’élection présidentielle du 12 avril 2025 suffirait à le prémunir du besoin d’un appareil politique structuré. « Il n’y a, à mon sens, pas de lien de conséquence entre ce score et sa prétendue volonté de créer un parti politique », écrit-il en préambule.
Le député rappelle que la dynamique ayant porté le candidat Oligui Nguema était double : le rejet massif du régime Bongo d’un côté, et le bilan positif de la transition de l’autre. Deux forces qui, selon lui, ont mobilisé émotionnellement l’électorat sans pour autant constituer une base partisane solide et pérenne. D’où la nécessité, insiste-t-il, de structurer désormais une offre politique identifiable, stable et défendable dans le temps.
L’absence d’un parti présidentiel, une vulnérabilité politique
Dans un passage particulièrement critique, Jo Dioumy Moubassango souligne que le Président se retrouve souvent seul face aux polémiques de l’opinion, qu’il s’agisse de l'exfiltration des Bongo, du verdict de la Cour internationale de justice sur les îles contestées, ou encore de la récente vague de déguerpissements à Pleine-Orety. « Aucun parti politique allié n’a pris spontanément position pour lui venir en soutien », regrette le parlementaire.
Un outil de pédagogie et de structuration des élites
Au-delà du soutien politique, le député voit dans le futur parti présidentiel un véhicule pédagogique nécessaire pour expliquer aux Gabonais la vision du Chef de l’État et les réformes engagées. « Si la victoire à 94,35 % traduit 94,35 % d’attentes, alors il faut un appareil pour entretenir cette espérance », affirme-t-il. Il suggère que le parti présidentiel soit la dernière pièce d’une chaîne politique cohérente : vision présidentielle – action gouvernementale – explication populaire.
Il y voit également une rampe de lancement pour une nouvelle génération d’élites, dans un paysage politique longtemps figé par les mêmes visages. « La compétition interne à un tel parti pourrait faire émerger des talents nouveaux », note-t-il.
Contre le chantage politique des alliances factices
Jo Dioumy Moubassango met en garde contre la tentation d’une majorité présidentielle construite avec des partis existants, souvent hétérogènes, sans base réelle ni loyauté assurée. « Ces formations pourraient très vite gripper la machine politique pour mieux négocier des positions », avertit-il, rappelant que certaines figures politiques ont survécu à Omar Bongo et Ali Bongo, grâce à leur talent de nuisance, plus qu’à leur poids politique réel.
Selon lui, les expériences passées ont prouvé que les majorités dites présidentielles ont surtout servi à satisfaire les ambitions personnelles de leurs leaders, au détriment de la cohérence politique de l’action publique.
Un appel à la clarté et à la reconstruction
La tribune se termine sur une critique plus large du système partisan gabonais : « Jusqu’à ce jour, je ne suis pas capable de dire avec précision qui a été de l’opposition et qui a été de la majorité ces dernières années », écrit-il. Une confusion entretenue, selon lui, par l’alignement historique des partis sur les ressources du pouvoir.
Jo Dioumy Moubassango conclut : « Si la question s’invitait à ma modeste réflexion, je soutiendrais la création d’un parti présidentiel, pour apporter plus de clarté à l’action politique de Brice Clotaire Oligui Nguema et relancer la production de nouvelles élites. En plus d’être un avis, c’est une forte conviction. »